Ils sont venus pour tâter le pouls de l'économie algérienne. Les hommes d'affaires arabes qui se sont rencontrés hier à Alger, à l'hôtel Sheraton, insistent tous sur l'amélioration des conditions sécuritaires prévalant en Algérie. Pour eux, c'est de bon augure pour les travaux du 10e congrès des hommes d'affaires et des investisseurs arabes. L'autre aspect qui encourage leur engagement concerne le nouveau code des investissements promulgué en Algérie, que certains viennent à peine de découvrir et dont les dispositions offrent de nombreux encouragements et incitations. Venus des différents pays arabes, en présence de leurs homologues occidentaux ou asiatiques (canadiens, européens), les hommes d'affaires et opérateurs économiques sont venus pour tâter le pouls de l'économie algérienne dans le secteur des services, thème sous lequel a été placé ce dixième congrès, sur proposition de l'Algérie, qui voudrait bien intéresser les capitaux arabes à s'investir dans les banques, le tourisme, le bâtiment, les transports, les télécommunications, l'enseignement, la formation professionnelle, l'environnement ou l'agriculture, sans oublier la mise à niveau des entreprises industrielles. A l'ouverture des travaux, le chef du gouvernement M.Ahmed Ouyahia a déclaré que l'Algérie est «satisfaite des premiers investissements arabes en Algérie qui sont d'environ de l'ordre de deux milliards de dollars US et touchent différents secteurs d'activité, notamment les télécommunications, la mise en valeur des terres agricoles et les banques». Concernant justement les banques, nous avons interrogé un responsable de l'Abef sur la réaction des investisseurs arabes à la suite de la mise en faillite de deux banques privées. Cela n'est-il pas de nature à les rebuter de venir investir dans le secteur bancaire en Algérie. «Au contraire, nous a déclaré ce responsable. Cela les mettra en confiance, c'est un signe que les mécanismes de contrôle mis en place au niveau de la banque d'Algérie fonctionnent et sont efficaces. C'est ce signal qu'attendaient nos partenaires étrangers.» Quant aux télécommunications, tout le monde sait que ce sont deux firmes arabes (une égyptienne et une koweïtienne) qui vont dominer le marché du GSM en Algérie, en investissant près de 1,2 milliard de dollars US en droits d'entrée et autant pour développer leur réseau et leurs infrastructures. L'autre secteur qui ne manquera certainement pas d'attirer les capitaux arabes est celui du tourisme où pratiquement tout est à faire, du fait de son état embryonnaire en Algérie, malgré les potentialités énormes: paysages diversifiés, soleil, désert, mer, steppe, montagne, richesses archéologiques et historiques. C'est autant une histoire de savoir-faire et de marketing que d'infrastructures à développer et à mettre en place. Par ailleurs, les besoins alimentaires d'une population de plus en plus nombreuse peuvent aussi inciter à mettre en valeur les terres du Sud, mise en valeur qui nécessite de gros capitaux, alors même que le créneau de l'agroalimentaire est lui-même demandeur de capitaux. En ce qui concerne la mise en valeur des entreprises publiques ou leur privatisation, on ne manquera pas de souligner que différentes tentatives ont été déjà faites, sans grand résultat. Les voies choisies pour cette privatisation sont certainement mauvaises, en tout cas elles sont à revoir. Dernier point, en ce qui concerne ce 10e congrès: il ne fait aucun doute que c'est seulement un secteur privé algérien fort et dynamique qui pourra donner l'exemple, et en tout cas nouer des contacts pour de futurs projets, l'investissement étranger direct ayant besoin d'avoir des relais en Algérie même.