Alger et Paris ne sont pas d'accord sur les préalables à une intervention militaire au Mali. L'Algérie et la France ne sont toujours pas parvenues à parler d'une seule voix à propos de la situation au Mali. C'est l'utilité de négociations avant d'opter pour une intervention militaire qui fait débat entre Alger et Paris. En fin de semaine, l'Algérie a eu la possibilité de dire qu'elle ne s'opposait pas au recours à la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a ajouté, dans un communiqué diffusé jeudi, que le pays «n'est pas exclusivement pour le tout-politique». Le porte-parole n'admet pas que l'on caricature la position algérienne «en la mettant systématiquement en opposition avec la position d'autres partenaires de la région». Il fait allusion aux pays de la Cédéao et du Mali qui sont en faveur d'une intervention militaire, soutenus en cela par les Etats-Unis et la France. Amar Belani rassure que le pays «ne saurait faire preuve de la moindre once de complaisance ou d'indifférence» vis-à-vis du terrorisme. Cette conviction est assortie de réserves. Selon Belani, l'usage de la force doit être conduit avec discernement «pour éviter l'amalgame et la confusion entre les populations du nord du Mali qui ont des revendications légitimes et les groupes terroristes et les narcotrafiquants». Ces déclarations interviennent suite à la visite de Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, accompagné d'une délégation composée notamment de hauts responsables du ministère de la Défense nationale, en Mauritanie, au Mali et au Niger. Lors de cette tournée dans les pays du champ, la délégation algérienne a examiné la crise au Mali et les perspectives de son règlement. Des mécanismes existent déjà pour la lutte contre le terrorisme: comité politique, comité d'état-major conjoint et unité fusion-liaison. Pour tenter une adéquation de ces mécanismes avec les pays occidentaux, Messahel s'était rendu auparavant à Paris où il s'était entretenu avec le ministre français des Affaires étrangères. Les deux parties sont d'accord pour préserver l'intégrité territoriale et l'unité nationale du Mali. L'Algérie a encore défendu son point de vue consistant en la recherche d'une solution politique pour éviter toute situation d'enlisement. Alger et Paris sont d'accord pour négocier avec Ançar Eddine et le Mnla qui a renoncé à l'indépendance. Mais lorsqu'il s'agit de terroristes d'Aqmi, la France maintient le rejet de l'option de négociations. Le président François Hollande a signifié, jeudi, le rejet de toute négociation préalable à une intervention militaire africaine au Nord-Mali malgré le fait que la proposition a été avancée par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. «Discuter avec qui? Avec Aqmi? Qui peut imaginer qu'il puisse y avoir là des conversations qui puissent être utiles?», a déclaré le chef de l'Etat français, la veille de son premier déplacement en Afrique. Hollande a, en revanche, ouvert la porte aux forces politiques maliennes «laïques qui veulent prendre part à la réconciliation nationale». Le chef d'Etat français a plaidé pour une résolution aux Nations unies et au Conseil de sécurité sur le principe d'une force qui pourrait être déployée par les Africains. Cette résolution devait être votée dans la soirée d'hier. Ensuite il y aurait une autre résolution pour mettre en oeuvre ce que pourrait être cette force, a-t-il ajouté. La France offrirait un soutien logistique mais pas d'hommes au sol. C'est la même attitude adoptée par les Américains qui évoquent l'envoi de drones pour bombarder des positions terroristes. Hollande est aussi revenu sur ses relations avec Alger à propos de ce dossier. Il a estimé que le pays avait «payé un tribut suffisamment lourd pour lutter contre le terrorisme pour qu(il) ne vienne pas lui donner la leçon». «L'Algérie regarde avec distance une possible intervention. A moi de rassurer l'Algérie», a dit Hollande, qui doit se rendre dans quelques semaines à Alger. La déclaration de Belani semble une réponse à cette quête de la France de convaincre l'Algérie de la nécessité d'une intervention militaire. La presse rappelle que l'Algérie comme la France a plusieurs ressortissants actuellement retenus en otages par Aqmi. Les deux pays font tout pour obtenir la libération de leurs ressortissants.