Dans une allocution prononcée à Marseille, le leader du FFS a longuement évoqué les problèmes que connaît le pays. Le conseil régional de la cité phocéenne a organisé récemment une journée de l'Algérie. Etaient invités, outre le leader du FFS, M.Hocine Aït Ahmed, Mme Salima Ghezali, directrice de l'hebdomadaire La Nation et conseillère de M.Aït Ahmed, et M.Hakim Addad, le n°1 de l'association RAJ. Lors de son intervention, M.Hocine Aït Ahmed a souligné la difficulté de parler de l'Algérie après le 11 septembre, puisque «le bouleversement et l'incertitude créés dans le monde par les attentats terroristes qui ont visé les Etats-Unis n'ont pas seulement relégué au second plan toutes les autres crises. Ils ont aussi donné l'occasion à des régimes totalitaires de réduire à un phénomène purement terroriste un conflit qui, en réalité, les oppose à leurs propres sociétés...». Toujours aussi «acide» envers le pouvoir algérien, M.Aït Ahmed, qui note que «le pays connaît aussi des actes terroristes», relève cependant que ce qui s'est passé sur la scène internationale, notamment la tragédie américaine, «...offre au régime algérien une bouée de sauvetage inespérée...» Et le vieil opposant de mettre en avant «deux événements qui avaient mis Alger en difficulté...» en citant: «... la sérieuse possibilité d'une mise en accusation devant les juridictions internationales...» et «la répression sanglante en Kabylie...». «Les conclusions s'imposent d'elles-mêmes» pour les généraux, explique-t-il. Le conflit algérien n'est qu'affaire de terrorisme. Et cela rend «nulles et non avenues» toutes les demandes de «règlement politique». Analysant ensuite la situation actuelle, née des derniers événements, le vieux leader trouve que «dire et répéter que les dictatures ont créé les conditions de la violence et du terrorisme (...) ne reviennent en aucun cas à innocenter les terroristes de leurs crimes» renvoyant ainsi dos à dos «la violence intégriste et la terreur d'Etat». Pour lui, «le coeur du problème se situe dans l'immobilisme d'un pouvoir totalitaire incapable de se reformer...». Et de mettre en exergue «les droits de l'homme et les libertés qui ne sont pas un luxe réservé aux seuls Occidentaux». Abordant les événements de Kabylie, le leader du FFS, après avoir affirmé qu' «il ne s'agissait pas uniquement du problème identitaire...» - ce qu'il trouve, au demeurant «totalement légitime» - brandit «pour mieux ghettoïser une région qu'on rêve de «normaliser» car jouant un rôle de premier plan dans le combat démocratique», pense que «son cri provient des profondeurs de la société algérienne tout entière». Et d'expliquer que la révolte juvénile a pour nom «paupérisation galopante, chômage endémique, manque de logements, absence totale de perspectives et refus de la citoyenneté». Les événements du printemps noir, Aït Ahmed les appelle «la dissidence nationale citoyenne et pacifique». Pour lui, «de la révolte d'Octobre 1988 à la dissidence d'avril 2001, les Algériens ont signé l'acte de décès d'une gestion post-stalinienne». Et d'ajouter que «la crise que connaît l'Algérie est d'une ampleur sans précédent. La société se disloque et les solidarités s'étiolent». Hocine Aït Ahmed, qui assène qu'il n'y a dans notre pays de sortie de crise que politique, «pense que seul un retour à la souveraineté populaire à travers l'élection d'une Assemblée constituante permettra de sortir de l'impasse». Et d'évoquer le mémorandum envoyé et au chef de l'Etat et aux «principaux décideurs» au printemps dernier, un mémorandum proposant, selon lui, «une transition démocratique gérée à plusieurs pour préparer le retour aux urnes, sous une observation internationale massive». Tout en interpellant la communauté internationale «qui doit s'impliquer pour mettre en oeuvre les différentes résolutions adoptées au congrès du parti des socialistes européens à Berlin, par la conférence européenne de Göteborg et par l'Internationale socialiste à Lisbonne», affirme que «l'internationalisation de la lutte contre le terrorisme doit permettre dans un même mouvement la mondialisation de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la solidarité».