En annonçant, jeudi dernier, sa démission du poste de secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia a surpris tout le monde. Si sa décision le crédite d'une plus grande sympathie aux yeux de l'opinion publique, dans les rangs de ses partisans c'est la consternation. Reste que l'impact est plus important parmi ses opposants au sein de son parti. Ceux qui voulaient sa «tête», les «redresseurs» comme ils se plaisent à se présenter, n'auront donc plus d'efforts à faire. Il s'en va. La «guerre fratricide» devrait, logiquement, s'arrêter au RND. Ouyahia le croit puisqu'il dit dans sa lettre de démission «j'espère que ma démission amènera les acteurs du mouvement (redresseurs Ndlr) qui s'est dressé contre ma présence à la tête du parti, à cesser toute action parallèle au niveau des structures de base...». Une démission surprise qui, en effet, ne peut que dérouter ses adversaires. C'est d'autant une surprise que chez leurs voisins du FLN, les choses se passent différemment. Abdelaziz Belkhadem s'arc-boute de toutes ses forces au poste de secrétaire général et résiste à tous les coups de boutoir de ses adversaires qui veulent le déloger. Il n'est pas exclu, d'ailleurs, que le FLN subisse le contre-coup de ce qui est en train de se passer au RND. Par sa démission, le secrétaire général du RND coupe l'herbe sous les pieds de tous ses adversaires au sein du parti. Son véritable souci, cependant, est de préserver son parti de «la division». Quant à ses ambitions personnelles, Ouyahia explique, dans sa lettre, que «le militantisme n'a jamais été pour moi une démarche d'ambitions ou de calculs personnels...J'espère que ceux qui en doutaient en seront désormais convaincus». Difficile à ses adversaires de réagir maintenant qu'il a poussé jusqu'à «remettre le tablier». Laissons tout ce beau monde s'agiter autour des lectures et des hypothèses où chacun veut expliquer à sa façon le geste singulier du désormais ex-secrétaire général du RND pour mesurer les retombées de sa démission sur la scène politique. D'abord, et comme il l'avoue dans sa lettre, Ouyahia a longuement mûri, dans une grande souffrance, sa décision. On apprend qu'il «s'est imposé le silence sur cette crise jusqu'à ce jour» depuis la tenue du conseil national du parti en mai dernier. Sept longs mois de sacrifice dictés par les deux échéances électorales (locales et Sénat) que son parti devait affronter. Ce qui le met à l'aise après les locales et au lendemain de la victoire obtenu au Sénat. Avec le sentiment du devoir accompli, il a donc fait le choix de sortir par la grande porte. Mais ce que ne dit pas explicitement Ouyahia dans sa lettre de démission, est de loin encore plus important. Le RND devra impérativement aller à un congrès extraordinaire. En rappelant l'article 46 du statut du parti qui «habilite cette instance (le conseil national) notamment (un mot qui a son importance) à désigner un secrétaire général intérimaire», Ouyahia sait que ce même article impose à ce même intérimaire de «convoquer un congrès extraordinaire dans un délai maximal de trois mois à compter de la date du constat de la vacance». Ce qui revient à dire et en comptant sur les doigts, que le RND devra tenir un congrès extraordinaire avant le 15 avril prochain. Soit plus de deux mois avant la date du congrès ordinaire prévu à la fin du mois de juin 2013. Ce qui permettra au RND de se consacrer pleinement à la réforme de la Constitution dont les étapes, parlementaire et référendaire, devront être achevées avant la fin de l'année. C'est à notre sens-là que se situe l'autre importance de la démission de Ahmed Ouyahia. Ouyahia ne fait jamais les choses à moitié. Même sa démission est à «large spectre»!