Nonobstant les révélations et explications des autorités, il n'en reste pas moins que des zones d'ombre subsistent quant aux tenants et aboutissants de cette affaire. Le voile commence toutefois à se lever sur cette action de guerre contre l'Algérie, où les salafistes libyens ont apporté aide logistique et armements lourds à la phalange terroriste qui a attaqué le site gazier de Tiguentourine à In Amenas. Le courage et le professionnalisme des forces spéciales algériennes ont, cependant, contrecarré les projets funestes de ceux qui ont voulu semer le chaos dans le pays. Pour ainsi dire, l'Algérie est sortie indemne de ce piège, quoiqu'il est sans doute difficile, en l'état actuel de la situation, d'estimer ce que seront les retombées ultérieures - notamment économiques - d'une action qui a délibérément visé l'Algérie et son peuple. Nous ne reviendrons donc pas sur les premières réactions négatives de certains pays - dont, certes, des ressortissants étaient parmi les otages - mais nous relèverons néanmoins que depuis la fin de l'odyssée dramatique d'In Amenas, des messages de «solidarité» pleuvaient ces dernières quarante-huit heures sur Alger. Après un terrible silence, certains pays arabes ont retrouvé, par miracle, la voix et le sens des choses pour, soit «congratuler» Alger, soit l'assurer de leur «solidarité». Aussi, on est en droit de nous interroger sur le fait que cette «solidarité», à tout le moins à deux vitesses ne se soit manifestée qu'une fois la cause entendue et que l'Etat souverain algérien ait notifié au monde entier que l'Algérie ne se laissera pas manipuler par des terroristes et/ou d'autres parties malintentionnées. Au début de l'attaque terroriste, alors que l'on s'attendait, naturellement, à ce que l'on resitue les choses dans leur contexte global - induit singulièrement par la guerre au Mali à une encablure de nos frontières - l'Algérie s'est, a contrario, heurtée à un mur d'incompréhension et un déluge de critiques, se trouvant même dans la posture d'accusée, d'aucuns allant jusqu'à avancer des absurdités sur une «complicité» saugrenue du gouvernement algérien dans ce crime. Passons! Or, l'attaque contre Tiguentourine prend ses racines plus loin qu'on ne le pense. L'occupation du nord du Mali par les phalanges jihadistes et terroristes, leur lourd et sophistiqué armement, n'auront jamais été possibles s'il n'y avait pas eu ce que lon appelle «pompeusement» le Printemps arabe lequel, en fait, n'est que le début du crépuscule pour le Monde arabe tel qu'on le connaît. Un crépuscule programmé et mis au point par des officines de puissances occidentales qui n'ont pas hésité à «coopérer» avec des terroristes de tout acabit pour ce faire. C'était le cas en 2011 en Libye, ça l'est encore davantage aujourd'hui en Syrie où le Front Al Nosra - qui n'est que l'une des filiales d'Al Qaîda - qui sans état d'âme a «coopéré» avec des unités du Mossad israélien, auquel il donna un «coup de pouce» dans sa tentative d'éliminer des dirigeants palestiniens dans le camp de Yarmouk à Damas. En Libye, le pseudo soulèvement du peuple libyen était planifié et supervisé par l'Occident qui permit aux salafistes d'asseoir leur pouvoir sur le pays, et surtout donné aux terroristes de toute obédience de faire la razzia et main basse sur un armement de guerre, vidant quasiment les entrepôts de l'armée libyenne. Cet armement se trouve aujourd'hui en grande partie au Mali aux mains d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mujao et autres «Mouwaq'ine bi dema» - auteurs de l'attaque criminelle contre le site gazier de Tiguentourine - permettant en outre à ces phalanges terroristes d'occuper les deux tiers de ce pays aux frontières de l'Algérie. Voilà le résultat d'un «Printemps arabe» téléguidé de l'étranger. Ses premiers bénéficiaires ne sont pas les peuples de Libye, d'Egypte et de Tunisie, mais bien des phalanges salafistes libyennes, égyptiennes et tunisiennes, bien décidées à installer le chaos dans le Grand Maghreb. Selon leurs propres aveux, les salafistes libyens ont prêté main-forte au groupe de Belaouar, en lui fournissant armes et aide logistique. Ce sont là les premières retombées tangibles du «Printemps arabe» suscité et appuyé par l'Occident. Les capitales qui, par Otan interposée, ont bombardé la Libye, oseront-elles reconnaître qu'elles se sont abusées? On en doute.