Le Maroc qui avait conditionné la tenue du Sommet de l'UMA, qui était prévu à Tunis au mois d'octobre 2012, à la réouverture des frontières avec l'Algérie, relance le débat autour de ce rendez-vous avorté. Le souverain marocain souhaite l'union des pays du Maghreb. «Je voudrais exprimer ici mon ardent souhait de voir bientôt les Etats maghrébins se présenter à vous, unis, solidaires et engagés...» a t-il écrit dans un message, lu en son nom par son chef du gouvernement, adressé au 42e Sommet ordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui avait ouvert ses travaux le 27 février à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire). Une déclaration qui intervient après une série de sorties médiatiques du chef de l'Exécutif marocain peu amène afin d'indiquer que les choses évoluent dans ce sens. Le souverain marocain a-t-il rattrapé cette maladresse? Ce n'est pas dit explicitement, mais cela lui ressemble. Le monarque chérifien a toutefois sa propre vision des événements pour se montrer optimiste. «Si, malgré les difficultés et les obstacles, les cinq pays de l'Union du Maghreb ont pu développer, depuis longtemps déjà, un dialogue avec les cinq pays européens de la Méditerranée occidentale et, au-delà, avec l'Union européenne, pourquoi hésitent-ils encore à l'instaurer avec leur voisinage immédiat du Sud avec lequel ils partagent tant, en termes de défis et de menaces mais aussi et surtout, en termes de fraternité, de potentialités et de proximités en tous genres?», s'interroge Mohammed VI dont le clin d'oeil est destiné à l'Algérie. Une approche pas très orthodoxe. Quels types de signaux peut-elle émettre? Mohammed VI a-t-il forcé son chef du gouvernement à se battre la coulpe? Possible, mais avec délicatesse. «Tout le monde sait que le Sahara est marocain et que, dans le cadre de l'autonomie, on pourrait trouver une solution. Et si l'Algérie décide de régler ce problème, en une journée ce sera réglé», avait déclaré Abdelilah Benkirane le 24 février dans une interview face à des journalistes de TV5 Monde, de Radio France Internationale et du quotidien Le Monde (voir L'Expression). Alger est sortie aussitôt de son silence pour le recadrer. «Cette vision des problèmes qui se posent au niveau de la région est non seulement réductrice, mais elle se fonde sur une argumentation spécieuse et une causalité artificielle», lui a rétorqué Amar Bellani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères qui a tenu à préciser que «cette question n'a pas de dimension bilatérale et elle ne relève d'aucune soi-disant ancienne logique». Ce dossier «n'apparaîtra pas dans les discussions bilatérales avec nos frères marocains, pour la simple raison que le sujet se traite dans un cadre onusien», avait déclaré au mois de novembre 2012 dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci. Un message que Rabat a décrypté. Mohammed VI parle de difficultés et d'obstacles entre pays maghrébins sans plus de détails. Il ne peut pourtant s'agir que des relations algéro-marocaines, de la position de l'Algérie par rapport au conflit du Sahara occidental pas appréciée par le pouvoir marocain, et de la question de la réouverture des frontières, Soumise au chantage, au point d'en faire la condition de la tenue du sommet de l'UMA qui était prévu à Tunis au mois d'octobre 2012. Le prochain Sommet de l'UMA «sera seulement de pure forme... Les conditions de la tenue d'un Sommet ne sont pas encore mûres tant que les frontières entre le Maroc et l'Algérie ne seront pas rouvertes», avait affirmé le 26 juillet 2012 le chef du gouvernement marocain. Mohammed VI relance la question de l'édification de l'UMA. Sans faire référence à ces «malentendus». Cela doit passer inévitablement par des relations apaisées entre Rabat et Alger. Mohammed VI le «souhaite» dans sa déclaration de Yamoussoukro... Le scepticisme demeure cependant de rigueur tant le Makhzen a souvent soufflé le chaud et le froid...