Dahou Boukerche a fait partie de la génération des grands directeurs photos, pour la plupart disparus aujourd'hui. J'ai connu ce natif de Sidi Belabbès en juin 1964, à l'occasion du concours d'entrée à l'Idhec. En octobre, nous nous sommes retrouvés place des Ternes à Paris, sur les bancs et dans les studios de ce prestigieux Institut d'études cinématographiques, parmi la vingtaine d'étudiants internationaux composant la XXIe promotion. Dahou intégrait la section Image tandis que Malika Touili, elle aussi décédée, étudiait le montage et moi-même la production-réalisation en compagnie de Youssef Akika. Dès les premiers mois, Dahou Boukerche avait réussi à acquérir l'estime de ses professeurs, (qui s'appelaient Georges Sadoul ou Jean Mitry) et de ses camarades qu'ils soient européens, latino ou nord-américains. Dès son retour au pays, Dahou Boukerche s'est mis au service des jeunes réalisateurs. C'est ainsi qu'il a signé la photo de trois des cinq volets de L'enfer à dix an, La Mer pour Ghaouti Bendedouche, la Quand Jeannette pour son camarade de promotion Youssef Akika, Rencontre pour Sid Ali Mazif. J'ai eu la chance et le privilège de travailler avec Dahou l'année suivante au cours de laquelle il a été le directeur photo des deux films de moyen métrage que j'ai réalisés, L'aller simple et Les fidayines. Je ne peux oublier son engagement ainsi que celui de la bande de copains comme Rachid Benallal, Sid Ali Halo ou encore Denis Martinez pour ce tournage inachevé et si compliqué. Je garde le souvenir de son appui fraternel dans les moments les plus difficiles. S'écartant des grosses productions, Dahou Boukerche a toujours préféré privilégier les films difficiles à monter, et les réalisateurs qui avaient besoin d'un artiste toujours prêt à apporter son savoir et ses conseils éclairés. C'est ainsi qu'il a dirigé les très belles images du premier long métrage mythique de Mohamed Bouamari Le Charbonnier. En 1975, il collabora avec Mohamed Slim-Riad pour le très beau Le vent du Sud, adapté du roman de Abdelhamid Benhadouga, puis pour Autopsie d'un complot. Puis ce fut L'olivier de Boulhilet de Nadir Azizi (1975) et El Moufid de Amar Laskri (1978).Il retrouva Mohamed Slim-Riad pour signer la photo de Hassen Taxi, dernier film à ma connaissance auquel il collabora avant de quitter le pays pour s'installer en France. Il fut directeur des services techniques de la 5 puis d'Arte avant de collaborer avec Canal+. Il a enseigné la photographie au Centre de formation professionnel des journalistes (Cfpj-Paris). Tous ceux qui l'ont connu gardent de lui le souvenir de ce sourire éternel qui éclairait son visage et de sa générosité. Il a beaucoup apporté au cinéma algérien auquel il reste associé, comme un des joyaux de son âge d'or. A sa femme, à sa famille et à ses proches, et au nom de toute la confrérie du cinéma, mes condoléances les plus sincères. Puisse Dieu Tout-Puissant lui ouvrir les portes de Son Vaste Paradis.