Bientôt, les Algériens voteront pour élire un nouveau président Quel printemps réserve-t-on à l'Algérie? Seuls les Algériens peuvent en apporter une réponse par leur comportement face à l'urne. En tout cas, pas la version syrienne. Dans quel état d'esprit les Algériens vont-ils aborder le rendez-vous électoral du 17 avril prochain? Sur la base de ce qu'ils ont vu et entendu, les Algériens comment vivent-ils cette élection? A part la présidentielle de 1995 qui était un défi républicain face au terrorisme, l'élection d'avril prochain s'annonce cruciale et suscite des appréhensions, mais aussi des espoirs. Evidemment, chaque électeur a une idée précise sur le candidat pour lequel il votera. Seulement, l'ambiance générale qui marque le démarrage de la campagne électorale ne s'annonce pas sous les auspices d'une grande fête nationale. Lentement, difficilement, le train de la campagne s'ébranle sous une lourde atmosphère. Il y a comme une indifférence qui fait peur, mais les plus optimistes misent sur un engouement progressif au fur et à mesure que la campagne avance. Cela suscite des craintes, certes, mais il y a aussi des espoirs qu'inspire cette élection. Du simple citoyen, du travailleur, de l'homme politique au patron, ils attendent des lendemains meilleurs de cette élection. A chacun ses priorités. Les hommes politiques souhaitent que soit apaisée et rationalisée la vie politique et faire entrer l'Algérie dans le concerta des nations modernes et démocratiques. Les patrons, eux, estiment que la chose politique passe après avoir réglé les questions strictement économiques. L'Algérie souffre d'un manque de stratégie et de vision économiques claires. Il s'agit pour eux de libérer l'investissement de production, surtout la substitution aux importations. De faciliter l'accès au foncier et au crédit et accélérer les réformes bancaires. Et le reste suivra, car estiment-ils, le pays a les moyens financiers pour appliquer sa politique. Pour le citoyens, même la chose politique importe peu, cette parenthèse électorale est pour lui un moment de rappel pour le système, l'exorciser de ses démons et le guérir de ses contradictions. Les citoyens rêvent d'élire un président qui permettra à l'Algérie de se réaliser en tant que nation. Un président qui renforce la stabilité, la paix sociale, consacre la liberté d'expression, permette la répartition des richesses et une justice équitable dans un pays où l'on doit avoir accès au travail, à un logement et à une vie dignes. Des espoirs et des rêves que contredisent des appréhensions alimentées par des tiraillements qui ont précédé cette présidentielle. La crainte est que cette campagne électorale ne soit pas une occasion pour les insultes, les injures, l'invective, l'atteinte à la vie privée et à la morale. Des sentiments qui peuvent engendrer des haines et des règlements de comptes, car la grande crainte sera l'après-17 avril. Aussi, l'Algérie doit-elle sortir de cette élection avec un consensus et non des ressentiments qui peuvent replonger le pays dans l'instabilité dont l'Algérie a amèrement fait l'expérience avec son épisode dramatique de la décennie noire. Les observateurs les plus avertis ont beau attirer l'attention, mais ce n'est jamais suffisant pour avertir encore sur les menaces qui pèsent sur la cohésion nationale. Pour avoir connu les affres du terrorismes, les Algériens refusent une transition à la manière tunisienne, égyptienne ou au pire, libyenne. Au seuil d'un changement qui s'opérera au lendemain du 17 avril, quel printemps réserve-t-on à l'Algérie? Seuls les Algériens peuvent en apporter une réponse par leur comportement face à l'urne. En tout cas, pas la version syrienne.