L'ancien chef de gouvernement explique les raisons qui l'ont poussé à décliner l'invitation du pouvoir à participer aux consultations politiques. Invité pour participer aux consultations politiques sur la révision de la Constitution, le candidat à l'élection présidentielle du 17 avril 2014, Ali Benflis, a répondu par la négative. Il a rendu publique, hier, une lettre adressée au ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, chargé de mener les consultations, où il explique les raisons qui l'ont poussé à refuser la démarche du pouvoir. La première raison est liée au manque de légitimité des institutions. «De la base au sommet, les institutions républicaines accusent un manque de légitimité irrécusable. Ces mêmes institutions sont frappées d'immobilisme pour une raison connue de tous. Le manque de légitimité est source de crise d'autorité et de confiance», a-t-il regretté. M.Benflis estime que les institutions nationales qui sont à l'arrêt induisent une accumulation des retards politiques, économiques et sociaux, au moment où dans les deux environnements régionaux et mondiaux les mutations s'accélèrent. Pour lui, les propositions de révision constitutionnelle suscitent, à l'analyse, des sentiments de surprise et de frustration tant par la démarche adoptée et par la méthode utilisée que par leur contenu intrinsèque. «Ces propositions ne sont pas une réponse à l'aspiration démocratique qui s'est enracinée dans notre société. Elles ne vont pas dans le sens de l'édification d'un Etat de droit. Elles ne s'assignent pas l'objectif d'élargissement des espaces de droits et de libertés. Et, par-dessus tout, elles éludent la crise de régime véritable à laquelle le pays est confronté», souligne-t-il encore. Dans la lettre adressée à M. Ouyahia, Ali Benflis soutient que «la révision constitutionnelle proposée occulte plus cette crise qu'elle ne la traite. Elle contourne ses exigences plus qu'elle ne les assume pleinement et entièrement. Elle lui permet de perdurer plus qu'elle ne rapproche son issue». Il estime que le moment n'est pas celui de l'évitement de la nature et des causes véritables de cette crise au moyen d'artifices constitutionnels qui seront sans effet sur elle. «De toute évidence, a-t-il écrit, ce à quoi le pays fait face n'est pas une crise constitutionnelle, mais bien la crise d'un régime politique.» Cela avant de tirer la conclusion qu'un diagnostic erroné ne peut produire qu'une médication elle-même aussi erronée. «Dans de telles conditions, ma contribution manquerait de sincérité et de franchise si elle devait s'inscrire dans une perspective dont je ne partage ni les analyses, ni les méthodes, ni les buts», a-t-il encore expliqué.