Le mouton, victime collatérale de la fièvre aphteuse Selon le témoignage de certains citoyens, «toutes les têtes du cheptel doivent passer par le vétérinaire avant d'être sacrifiées le jour de l'Aïd El Adha». Les avis des citoyens divergent. Certains s'interrogent réellement sur les dangers de la fièvre aphteuse et d'autres veulent conserver la tradition. L'épidémie qui a touché les bovins coïncide avec la fête du sacrifice (l'Aïd El Adha). Si une polémique autour de la flambée des prix de la viande a été exposée la semaine dernière par un membre du bureau de la commission du ministère de l'Agriculture, c'est tout à fait une autre problématique qui se pose aujourd'hui. Celle du sacrifice de l'Aïd El Adha. Nombreux sont les citoyens qui ont exprimé leur inquiétude à propos de cette épidémie. «Si cette maladie ne cesse pas de se propager, il est évident qu'on réfléchisse sérieusement à fêter ou non l'Aïd», a témoigné, Hakima, employée dans une compagnie maritime à Alger. Même s'il est un peu trop tôt pour aborder cette question, selon elle, «mais cela mérite une réflexion surtout que la fièvre a fait des ravages depuis son apparition». Concernant le volet des prix de la viande, Hakima a exprimé un avis différent de celui du porte-parole de l'Ugcaa, Hadj Tahar Boulenouar qui a annoncé le risque de la hausse des prix de la viande rouge. Pour Hakim, c'est plutôt l'inverse, «Cette fièvre engendrera une baisse des prix de la viande en raison de la faiblesse de la demande sur le produit, donc les prix suivront aussi», a estimé la même source. Un facebooker, Kheirredine, lui, met carrément en doute les déclarations des responsables quant à la maladie qui n'a touché que les bovins. «Rien ne prouve le contraire. Comment des animaux qui sont dans la même étable ne soient pas contaminés alors que le virus est présent?», s'est interrogé Kheirredine. Pour lui, le risque est bien plus grand que ce qu'annoncent les responsables du secteur de l'agriculture. Kheirredine est persuadé que l'épidémie compromettra la fête de l'Aïd El Adha: «En fait, les prix vont augmenter à la vitesse d'une flèche, déjà que les années précédentes, sans maladie, les prix étaient brûlants alors je vous laisse imaginer pour cette année.» Pour un autre, la psychose de la maladie va dissuader plus d'un d'acheter un mouton. Pour Saïd, un employé dans une entreprise privée, «l'épidémie m'angoisse vraiment». Pour cause, il a préféré garder le mouton de l'Aïd à l'écurie jusqu'au jour du sacrifice. «Je le contrôle assez souvent, et je me renseigne aussi sur les bêtes du village, c'est la seule façon pour être sûr que je ne risque rien», a témoigné Saïd. Autant de précautions prises pour éviter la contamination montrent à quel point les citoyens se préoccupent de cette situation qui empire de jour en jour et qui a touché jusqu'à aujourd'hui plus de 20 wilayas du pays. Pour notre interlocuteur, «il y aura une partie des citoyens, qui payera une taxe forte de la fièvre». C'est pourquoi, il a jugé qu'«il est du devoir du gouvernement de maîtriser l'épidémie». Seulement, il a ajouté que «malheureusement on ne dispose d'aucun plan de lutte, d'aucun dispositif pour contenir et maîtriser cette maladie qui continue à faire des ravages», a déploré Saïd. Pour sa part, Lamia, une jeune fille qui travaille dans une entreprise privée, a indiqué qu'il n'est pas question de ne pas fêter l'Aïd cette année, et cela pour deux raisons: «On achètera comme chaque année par tradition. Si on n'achète pas, les voisins vont nous envoyer des morceaux de viande comme si nous étions pauvres!», a expliqué Lamia, même si le risque est vraiment réel. Pour sa part, Mourad, un père de famille estime que «du point de vue religieux, sacrifier le mouton le jour de l'Aïd est sûrement un devoir pour tout chef de famille». Seulement, pour cette année, Mourad ne cache pas sa crainte de la fièvre aphteuse qui a touché plusieurs wilayas. «A mon sens, toutes les têtes du cheptel doivent passer par le vétérinaire avant d'être sacrifiées pour éviter le drame le jour de l'Aïd qui coïncide surtout cette année avec la saison estivale. Or, en été, les maladies se propagent rapidement», a-t-il expliqué. Il considère que l'Etat «doit prendre les mesures nécessaires pour protéger les foyers». Comme les Algériens ont une mentalité différente lorsqu'il s'agit d'un cas religieux, poursuit Mourad, ces derniers «célèbreront l'Aïd bien que le risque et le danger soient très élevés», a-t-il conclu.