Les familles revendiquent une prise en charge sociale dénuée de calculs politiques Après les «tirs» d'Ali Yahia Abdenour l'Anfd ouvre, à son tour, le feu sur Farouk Ksentini, chargé, dans le cadre de la commission ad hoc, de la question des disparus. Sans complaisance, aura été, en effet, la position de l'Association nationale des familles des disparus à l'égard de la présidence de la République, au terme de son assemblée générale qui s'est tenue, jeudi, au siège de la Laddh à Alger. «La commission (ad hoc) de Ksentini, sur instruction de la présidence, opte pour une démarche individualisée, visant à faire pression sur les familles par le biais d'une indemnisation», lit-on dans le communiqué parvenu hier à la rédaction. Ainsi, apparaît, notamment après la démission «surprise», le week-end dernier, de Mme Dalila Kouidri de son poste de présidente de l'entité associative, la «nouvelle» ligne de conduite que cette dernière s'est désormais assignée dans le cadre de son combat pour la quête de la vérité. Plus virulente encore à l'encontre des pouvoirs publics, surtout lorsque ces derniers sont soupçonnés, par l'association, de vouloir «enterrer» le dossier en chargeant, précisent les rédacteurs de la missive, le président de la commission publique, de verser une indemnité avec pour contrepartie le silence des familles. «Nous sommes conscients, aussi, qu'il (Ksentini) tente (...) d'acheter la conscience de meilleurs d'entre nous», remarque le communiqué. Bien que la «somme» proposée par la commission ad hoc fût rejetée dans le fond et dans la forme par les intéressés, étant un moyen politique d'«acheter» la conscience des familles, ces dernières, toutefois, tirent la sonnette d'alarme sur les conditions sociales délétères dans lesquelles elles vivent depuis la disparition de leurs proches. Que proposent-elles dès lors?: «Nous revendiquons (...) une prise en charge par l'Etat des familles par le biais de l'octroi de pension aux mères, épouses et enfants des personnes disparues» mais à la seule condition, mettent-ils en garde: «En aucun cas cette prise en charge ne peut prendre la forme d'une autre dimension.» Du bilan que les membres de l'assemblée générale ont dressé à juste titre, il ressort que l'Etat, «responsable» via ses corps constitués (Armée, Gendarmerie, Police, corps assimilés...), est le principal responsable de cette tragédie. Pis, les pouvoirs publics font, actuellement, montre d'un manque de volonté politique à ouvrir les issues aux revendications des familles. De plus, tandis que les principaux facteurs permettant l'épilogue définitif du dossier se situent au niveau national, les hautes autorités du pays, soulignent les représentants des familles, se bornent à internationaliser la question. «Nous n'avons de leçon à recevoir de personne!», ont-ils martelé dans la lettre. Face à cette situation plus conflictuelle que jamais, les responsables de l'Anfd réitèrent leur détermination à rester, plus que jamais, mobilisés, pour tirer cette affaire au clair, une fois pour toutes. C'est dans ce sens justement qu'ils ont convenu de faire bloc contre la commission Ksentini en informant, à ce propos, les familles ainsi que la presse des desseins de l'entité étatique. Et pour donner encore plus de «jus» à cette mobilisation, il a été décidé de rendre publiques les listes des disparus et l'ensemble des informations sur chaque cas.