Le rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis prouve que l'isolement et les sanctions sont «inefficaces», a estimé un haut responsable iranien, dont le régime est soumis depuis 34 ans à un embargo américain. «La résistance de la nation et des responsables cubains pour leurs idéaux révolutionnaires ces 50 dernières années montrent que les politiques d'isolement et de sanctions imposées par les puissances hégémoniques contre la volonté des nations indépendantes sont infructueuses et inefficaces», a déclaré la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Akfham, dans un communiqué publié samedi soir. Cette déclaration est la première réaction officielle de l'Iran depuis l'annonce mercredi par les chefs d'Etat américain et cubain d'une volonté mutuelle de normaliser les relations diplomatiques entre leurs deux pays après plus de 50 ans de brouille et un embargo américain imposé sur l'île depuis 1962. Le président cubain Raul Castro s'est dit prêt samedi à n'écarter aucun sujet dans le cadre du dialogue avec Washington, tout en rappelant que Cuba veillerait au respect de son système politique. La République islamique et les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques après l'attaque de l'ambassade américaine à Téhéran le 4 novembre 1979 et la prise en otages, pendant 444 jours d'une cinquantaine de diplomates américains. Depuis 1980, l'Iran est soumis à un embargo commercial américain. Téhéran est également soumis depuis 2006 à des sanctions de l'ONU en raison de son programme nucléaire controversé, renforcées depuis 2012 par un embargo américain et européen sur le pétrole et les transactions financières. Les deux pays se sont toutefois rapprochés avec la reprise des négociations en septembre 2013 entre les grandes puissances du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) et l'Iran pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire de Téhéran, soupçonné de cacher un volet militaire. Le président américain Barack Obama et son homologue iranien Hassan Rohani avaient alors eu un échange téléphonique historique, le premier depuis la Révolution islamique de 1979. Un expert iranien, interrogé par le site d'information conservateur Nassim, a toutefois écarté tout parallèle entre Cuba et l'Iran. «Cuba n'a pas les mêmes confrontations avec l'Amérique», a estimé Pirouz Mojtahedzadeh, spécialiste des relations internationales. «Ce sont les nécessités économiques» comme l'émigration cubaine qui ont provoqué cette décision alors que «sur la question du nucléaire, cela dépend de conditions particulières», a-t-il dit, pointant la méfiance de l'Iran envers Washington.