L'urgence de sauvegarder notre mémoire architecturale Le vieil Oran, Sidi El-Houari, regorge de pans entiers de l'histoire d'Oran. «Oran recèle des richesses culturelles et archéologiques importantes à préserver et à protéger», a affirmé la ministre de la Culture, Nadia Labidi. «A l'effet de la protection de ces sites, une direction régionale de suivi des biens culturels, une annexe de l'Agence nationale des sites protégés et une annexe au Centre national d'archéologie, ont été mises en place», a-t-elle annoncé. Une opération de restauration portant sur la mosquée de Sidi El Houari est lancée. Le réalisateur du projet s'est engagé quant à l'achèvement des travaux concernant la salle des prières dans un délai de 45 jours tandis que la restauration totale étant fixée à 11 mois. Enfin des...solutions viennent pour résoudre une problématique qui, selon les férus du patrimoine culturel, s'est inscrite dans la durée. Depuis plus de deux semaines, une équipe d'experts turcs, a procédé au prélèvement des données sur l'état des sites historiques du Palais du bey et celui de la Mosquée du pacha à l'aide d'un scanner 3 D. Cette mission est menée à l'effet d'une opération de restauration des deux sites. Elle est le résultat d'une convention signée entre la wilaya d'Oran et l'Agence de coopération turque «Tika». Celle-ci porte sur la restauration des deux monuments historiques datant de l'époque ottomane. Un montant de 85 milliards de centimes a été déjà accordé au projet, l'accord, signé récemment, repose sur le financement paritaire à raison de 50% à assumer par chacune des deux parties. 1,6 milliard de dinars pour Sidi El Houari S'agit-il d'un début de la fin d'une problématique qui n'a que trop duré? Tout porte à le croire vu les déclarations de Nadia Labidi qui a annoncé plusieurs mesures à prendre dont «une réflexion engagée autour de la révision des critères de délivrance de permis aux bureaux d'études et architectes spécialisés en restauration des sites historiques et archéologiques». Pour la ministre, «le nombre d'architectes algériens ayant obtenu du ministère de la Culture un agrément de restauration ne dépasse pas les 50 au niveau national». «Ce nombre est dérisoire, eu égard aux sites archéologiques et historiques qu'abrite l'Algérie et dont la plupart nécessitent une restauration», a-t-elle expliqué. De tels projets rentrent dans le cadre d'un partenariat décidé par les deux pays suite à la récente visite du président de la République turque, Tayyip Erdogan en Algérie. D'autant que ce chef d'Etat n'a pas dissimulé la volonté et le désir de son pays quant à se lancer dans la restauration des monuments de l'époque ottomane en Algérie. À Oran, les experts turcs devront établir un diagnostic tout en effectuant des prélèvements sur les monuments concernés avant de statuer sur les aspects financiers des travaux à mener. Là, une problématique est sérieusement posée, notamment par les férus des sites historiques en s'imaginant mal la restauration d'un palais tout en laissant de côté d'autres sites comme les écuries, les donjons rouges mérinides, les échauguettes, la muraille du Rozalcazar, la porte principale du Château neuf, les batteries de la Seconde Guerre mondiale...etc. L'argent ne manque pas. En effet, plus de 1,6 milliard de dinars a été alloué consentis pour la réhabilitation du vieux quartier de Sidi El Houari. Une telle information a été confirmée par le wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane. En tout, ce sont 11 immeubles, six placettes publiques, et des passages pour piétons de Sidi El Houari qui sont concernés par la réhabilitation. En dépit de toutes les formalités qui ont été accomplies, un seul pépin risque d'apparaître tant que le décret «très attendu», impliquant le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et celui de la Culture pour le classement du quartier comme en secteur urbain protégé, n'est pas encore signé. «Nous sommes dans la phase du choix de l'entreprise de réalisation», a conclu le wali ajoutant que «l'argent est disponible, les cahiers des charges ont été retirés et les appels d'offres sont lancés». Classement définitif du quartier de Sidi El Houari Le dossier de classement du quartier de Sidi El- Houari devra connaître bientôt son épilogue. En effet, le 4 novembre dernier, le dossier de classement du site en vue de sa sauvegarde a été présenté au secrétariat général du gouvernement. Cette tâche a été assumée par un architecte du groupe Atelier Sidi el Houari (ASH), Djilali Tahraoui, représentant la société civile, en présence de deux architectes relevant de la direction de la culture de la wilaya d'Oran et de celui du ministère de la Culture. «Après l'exposé, l'adhésion des membres présents a été totale. Les réserves émises après l'approbation de la Commission nationale des biens culturels, en juin 2011, par les secteurs de l'intérieur et de l'environnement ont été dépassées», souligne M.Tahraoui, ajoutant que «le dossier de classement de Sidi El Houari comme secteur protégé a été définitivement clos et le décret sera proposé à la publication». Les réserves levées Aussi, les réserves émises auparavant et concernant la limitation du secteur de sauvegarde du quartier de Sidi El Houari ont été définitivement levées. Cette décision s'accorde avec les sollicitations de la société civile et est déjà approuvée par le ministère de la Culture. Ces réserves concernaient l'inclusion du quartier de Derb à celui de Sidi El Houari. Le 15 mars 2014, un expert en charge du patrimoine, auprès du ministère de l'Intérieur, accompagné du premier responsable de l'Office de la gestion des biens culturels et d'autres cadres, a visité le vieux quartier de Derb. L'expert a découvert la richesse du patrimoine que renferme ce quartier, à l'instar de nombreuses maisons pittoresques, la Mahkama juive, l'ex-synagogue, les tunnels, le fort espagnol de St-André, la tour de Gorda, entre autres. «Avec son classement, le quartier de Sidi El-Houari devient un secteur sauvegardé avec une réglementation spécifique et des projets spécifiques», a souligné Tahraoui, ajoutant que «c'est un pas vers la sauvegarde du patrimoine». Une telle démarche aboutira sur plusieurs autres dont celles qui éviteront inéluctablement les constructions et les démolitions anarchiques. Pour les férus du patrimoine historique, toute nouvelle construction sera soumise à un cahier des charges des plus rigoureux, exigeant l'intervention de spécialistes. Localement, des citoyens se sont mobilisés en mettant en place un comité de quartier, basé à Sidi El Houari. Il regroupe des habitants de l'antique quartier. Ce comité axe son action sur la préservation du patrimoine du quartier et la prise en charge des préoccupations de ses habitants. La première action de ce comité a été la demande de classement de Sidi El Houari dont le patrimoine qui est en danger de disparition. Le quartier compte des bâtisses menaçant ruine. Aussi, des rues entières ont disparu et des monuments historiques ont été endommagés. Le vieil Oran, Sidi El-Houari, regorge de pans entiers de l'histoire d'Oran depuis sa fondation en l'an 902. Il compte la Mosquée de la Perle, vestige de la période ottomane, site classé en 1900, le Palais du bey (période ottomane, classé en 1952), la Mosquée du pacha, période ottomane, classée en 1952), la Porte espagnole (période espagnole, classée en 1906), la porte de Canastel (période espagnole, classée en 1953), le Tambour Saint José (Espagnole, 1952), la Porte du santon (Espagnole, 1953), l'église Saint-Louis (Espagnole, 1952 etc. D'autres sites attendent leur classement comme l'ancienne préfecture de Sidi El-Houari, la Casbah qui remonte à la période mérinide et le Théâtre Régional d'Oran Abdelkader-Alloula etc. En attendant la concrétisation de tous ces engagements, un pan entier de l'histoire d'Oran est en décrépitude avancée. Plusieurs sites ont été squattés. Si des sites entiers comme le village marin de la Scalera, les sous-terrains du Palais du bey, plusieurs forts et donjons ont disparu, d'autres sont en voie de disparition. Tout récemment, Kouider Metair a édité une oeuvre de recherche détaillant tous les sites, donjons et forts, qui ont disparu.