Cette visite s'écarte un peu des moeurs diplomatiques de la République. Le chef du gouvernement, M.Ouyahia, se rend aujourd'hui au Portugal en réponse à l'invitation de son homologue portugais, M.Pedro Santana. Cette visite revêt un cachet un peu particulier puisque c'est la première fois où M. Ouyahia s'investit dans une telle mission en tant que chef du gouvernement. Certes, l'ex-patron du département des Affaires étrangères au temps de Mokdad Sifi en 1994, avait fait un parcours diplomatique très intense avant d'en laisser le soin au chef de l'Etat et au ministre des Affaires étrangères dès qu'il fut nommé à la tête du gouvernement en mai 2003, un poste qu'il avait déjà occupé sous la présidence de Zeroual. Il reste à savoir, maintenant, si ce déplacement en appellera d'autres à l'avenir. Sans qu'elle prête à confusion, l'escale d'Ouyahia en terre portugaise s'écarte un peu des moeurs diplomatiques de la République. Comme nous l'avons indiqué, ce rôle est généralement dévolu soit à M.Bouteflika, soit à M.Belkhadem. N'empêche, et cela va des appréciations des observateurs de la scène politique nationale, la compétence dont l'homme jouit le place en bonne posture pour prétendre à des exercices-politiques s'entend-de haute teneur. On peut citer, à ce propos, son implication dans la solution au conflit qui opposait l'Ethiopie à l'Erythrée, alors qu'il était ministre de la Justice dans le gouvernement Benflis. Quant à l'ordre du jour que le chef de l'Exécutif abordera avec son vis-à-vis portugais, il sera focalisé, selon le communiqué de la chefferie du gouvernement, sur «le renforcement du dialogue politique bilatéral de haut niveau et de la dynamisation de la coopération bilatérale au niveau des opportunités et potentialités de coopération qu'offrent les deux pays». Du coup, il est clair que les deux Etats qui ont un poids non négligeable sur le plan politico-économique dans le Bassin méditerranéen veulent définir les divers contours pouvant permettre un développement régional plus perceptible. Et ce rendez-vous tombe manifestement à point nommé puisqu'il coïncide avec la relance du dialogue des 5+5. Les deux pays - surtout l'Algérie qui est considérée comme un incontournable interlocuteur sur les grandes questions de l'heure - ont une tâche prépondérante à assumer afin de contribuer activement au développement effectif de cette entité régionale. Aussi, la volonté du Portugal à tisser avec l'Algérie un partenariat plus fructueux ne peut être dissociée du dernier bal diplomatique qu'a eu à vivre Alger. Pratiquement, toutes les éminences grises des pays de la rive nord de la Méditerranée s'y sont succédé, avec à la clé des accords économiques éloquents, des traités d'amitié et beaucoup de chapitres où les intérêts se croisent. Français, Espagnols, Italiens ont été les principaux acteurs intéressés par les potentialités de tous bords que recèle notre pays. D'où la détermination du Portugal à ne pas se laisser distancer par ses voisins et bénéficier de la coopération algérienne. Le président portugais en avait déjà fait une ébauche lors de sa rencontre avec M.Bouteflika en début de l'année en cours à Alger. Les thèmes chauds de l'actualité internationale, marquée essentiellement par la flambée de violence en Irak, peuvent également constituer un centre d'intérêt commun. D'autant plus que le Portugal s'est rendu célèbre par la réunion des Açores où les frappes contre l'Irak ont été décidées officiellement.