Polémique entre l'ONU et Israël, le secrétaire général de l'ONU demande à Tel-Aviv de s'expliquer sur ses accusations. Israël, qui poursuit depuis une semaine les opérations punitives contre les Palestiniens à Jabaliya et Beit Hanoun, défraie depuis dimanche la chronique internationale par ses accusations contre l'ONU, accusé rien de moins que de «complicité» avec des «activités terroristes». De quoi s'agit-il? Samedi, l'armée israélienne a présenté un film pris à partir d'un drone montrant, selon les militaires israéliens, une ambulance de l'Unrwa (Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens, activant dans les territoires occupés depuis 1948) «transportant» des armes de «terroristes» palestiniens. Ainsi, l'ambassadeur israélien auprès de l'ONU, Dan Gillerman, a déclaré lundi à la presse, après une entrevue avec le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, «J'ai dit très clairement au secrétaire général (des Nations unies, Kofi Annan) que ce que nous voyons ici, c'est une tendance très inquiétante d'implication de l'ONU dans des activités terroristes». Voilà une accusation très grave de la part d'un Etat qui s'est signalé ces dernières années par son non-respect des lois internationales et du droit international comme le confirment quotidiennement ses exactions dans les territoires palestiniens occupés. Aussi, accuser l'ONU de «complicité d'activités terroristes» voilà qui est peu banal et montre jusqu'où Israël est capable d'aller dans la forfaiture pour imposer ses vues à la communauté internationale. Or, le fameux film en question ne montre rien de tangible, en tout cas pas les «roquettes» que l'ambulance onusienne était censée transporter pour le compte du Hamas. Ces accusations ont donné lieu dimanche et lundi à des échanges vifs de mots entre responsables de l'ONU et ceux d'Israël. Ainsi, selon son porte-parole, Fred Eckhard, Kofi Annan va ouvrir une enquête et demander dans le même temps des explications à Israël indiquant: «le secrétaire général n'a aucune espèce de raison de douter des conclusions de (Peter) Hansen». Et Fred Eckhard de préciser: «Il (M. Annan) a l'intention de convoquer l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Dan Gillerman, pour lui demander quelles preuves Israël possède à l'appui de ses allégations et pour l'informer qu'il a décidé de confier une enquête à une équipe de l'ONU qui quittera New York demain (hier)» De fait, M.Hansen, directeur de l'Unrwa, tout en rejetant catégoriquement les allégations d'Israël, exige du gouvernement israélien «de se rétracter publiquement et de présenter des excuses» pour ces accusations. Or, il semble que des «ambulances de l'ONU transportant» des «roquettes» pour le compte de Hamas soit de la fabulation et, dixit M.Hansen, de «la propagande malveillante». Ainsi, les médias israéliens, après avoir mordu à l'hameçon, doutaient sérieusement hier de la réalité de ces accusations. De fait, un commentateur de la radio militaire israélienne affirmait hier qu'Israël ne «disposait pas d'images pouvant constituer une preuve irréfutable». Mais c'est le chauffeur palestinien de l'ambulance onusienne incriminée qui semble détenir la vérité déclarant à la presse qu'il était venu sur les lieux pour évacuer un blessé lequel a été, entre-temps, pris en charge par une autre ambulance, «si bien, indique-t-il, que je suis revenu en portant le brancard que j'ai jeté dans mon ambulance». Et c'est ce brancard jeté dans l'ambulance que les Israéliens ont requalifié pour les besoins de leur cause de «roquette Qassam». Cette affaire continuait hier de susciter la controverse. Par ailleurs, le Conseil de sécurité, devait procéder dans la soirée d'hier au vote de la résolution présentée, au nom du groupe arabe, par l'Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité sur les crimes qu'Israël commet depuis plusieurs jours à Jabaliya et à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza. Le texte du projet de résolution présenté au nom du groupe arabe «exige la cessation immédiate de toutes les opérations militaires dans le nord de Ghaza et le retrait des forces d'occupation israéliennes de cette zone», il «appelle Israël, puissance occupante, à assurer l'accès libre et la sécurité des personnels des Nations unies et (...) appelle au respect de l'inviolabilité des installations de l'ONU sur le terrain, y compris l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens». Le texte demande aussi à Israël et à l'Autorité palestinienne de «de remplir immédiatement leurs obligations aux termes de la ‘'Feuille de route'' pour la paix au Proche-Orient». L'ambassadeur algérien à l'ONU, Abdallah Baali, avait, dans son intervention devant le Conseil de sécurité, dénoncé «les méthodes abjectes auxquelles Israël recourt aujourd'hui contre les populations civiles sans défense». Affirmant que l'offensive israélienne a provoqué «une tragédie humaine», le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nabil Chaâth a ainsi souligné: «D'après la IVe Convention de Genève, un crime contre l'humanité est en train d'être commis par les forces d'occupation qui pratiquent le terrorisme d'Etat et tuent les civils». Faisant peu cas de l'opinion internationale, Israël poursuivait hier ses exactions à Jabaliya où 12 Palestiniens, dont une adolescente, ont été tués. De fait, le chef d'état-major israélien, le général Moshé Yaalon, avait indiqué lundi que les forces israéliennes «sont prêtes à opérer, non en termes de jours, mais de semaines», confirmant qu'Israël entreprend une opération d'épuration à grande échelle dans le nord de la bande de Ghaza. Jusqu'à quand les puissants de l'heure continueront-ils à avancer cette antienne du «droit d'Israël à l'autodéfense» quand ils ne disent mot sur celui des Palestiniens d'avoir leur Etat indépendant, du fait de l'obstacle de l'occupation de leurs territoires par Israël, occupation qui a suscité la résistance qu'Israël persiste à qualifier de terrorisme. Aussi, les Occidentaux sont-ils équitables lorsqu'ils ne voient qu'un volet du dossier proche-oriental, la sécurité d'Israël, ignorant délibérément le droit inaliénable des Palestiniens à avoir la sécurité et un Etat indépendant? Cela dure depuis le partage de la Palestine historique en 1947 pour qu'on ne mette pas aujourd'hui en doute la volonté de l'Occident, qui détient la puissance au Conseil de sécurité, d'exiger fermement d'Israël d'appliquer toutes les résolutions du Conseil de sécurité afférentes au conflit israélo-palestinien.