«Sur les 4000 avocats que nous avons recensés, il n'en reste que 1200.» Malgré les «conditions déplorables» auxquelles est astreinte la corporation des avocats, M.Silini, président du bâtonnat des avocats d'Algérie, n'a pas versé dans l'alarmisme. Invité, hier, au forum hebdomadaire d'El Djazaïr News, ce porte-parole des avocats a fait cas d'un optimisme qui contraste avec les «réalités» de la profession, telles qu'il les a répertoriées. «Les conditions de notre corporation sont lamentables», a-t-il lancé d'emblée. En guise d'illustration de cet état de fait, il a évoqué l'absence du tableau des avocats qui est la moindre des nécessités. Sans être explicite, Silini a accusé «certains» de vouloir «traîner dans la boue» des défenseurs de citoyens lambda. «Il y a des pratiques non civilisationnelles», s'est-il contenté d'avancer comme explication. Toujours à propos de la corporation, Silini a confirmé l'assainissement qui s'est opéré, soit la radiation de 2800 avocats en son sein. «Sur les 4000 avocats que nous avons recensés, il n'en reste que 1200», a-t-il déclaré. Les raisons de ce «ménage» d'envergure sont dues, selon ses dires, à «l'investissement des milliers d'avocats dans des secteurs d'activité différents». «Pour être affiché sur le tableau, il faut être muni d'une attestation de la Cnas prouvant la non-affiliation à d'autres créneaux», a-t-il tranché. Quant aux questions de l'heure, l'orateur a été très évasif. Au sujet du code de la famille, il lui a fallu passer par moults méandres pour conclure : «Il faut laisser cette problématique à l'appréciation des juristes.» Bien qu'aucune réponse claire et précise n'y a été donnée, il se comprend en filigrane de sa réplique qu'il n'est pas frontalement opposé aux amendements arrêtés, contrairement à M.Djamel Aïdouni, président du syndicat des magistrats. D'ailleurs, il a mis fin à ce même débat en disant: «Il faut aller vers la modernité.» S'agissant de l'affaire Benchicou, Silini a souhaité, sans mettre en cause la «justesse» du verdict, que la justice soit un peu plus «souple» en recourant à d'autres sanctions que l'emprisonnement. La même prudence a été affichée lorsque le retard accusé dans la mise en vigueur des réformes de l'appareil judiciaire a été abordé. «Il y a simplement un retard, mais pas un blocage», a précisé Silini. Ce qui l'a fait, par contre, sortir de ses gonds, c'est l'article 273 projeté dans l'amendement du code pénal. Un article qui vise, à s'en tenir à ses explications, «la restriction de la liberté des avocats». «Ce sont des dispositions liberticides», s'est-il indigné tout en tempérant ses craintes par «les assurances» qu'il avait reçues de la part du ministre de la Justice de retirer le présent article. Mieux encore, il croit que même le conseil de gouvernement se dresserait en palissade contre ce «projet scélérat». Qui sont ses initiateurs? No comment. C'est en usant donc de génériques très vagues que Silini a «dépoussiéré» l'état de la corporation qu'il représente. Nulle responsabilité n'a été située, ni aucune précision n'a été apportée.