Le FLN veut décrocher à tout prix la présidence du Sénat pour compter dans ses rangs la deuxième personnalité politique de l'Etat. La bataille sur les sénatoriales s'annonce rude. A deux mois de ce rendez-vous, les partis politiques affûtent leurs armes. Les deux frères ennemis, FLN et RND, se lancent déjà dans une pré-campagne électorale. Ces derniers tentent d'user de la grosse artillerie pour rafler la mise. Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia s'impliquent personnellement dans la mobilisation de leurs troupes et la promotion de leurs discours politiques. Le compte à rebours a commencé. Décidément, les deux chefs de file ne ratent aucune occasion pour s'afficher sur le front et mettre leur cadre en ordre de bataille. L'enjeu en vaut bien l'engagement. L'homme fort du FLN investit le terrain bien avant qu'il installe son bureau politique. «Vu l'approche de cette échéance, le secrétaire général veut gagner du temps pour mobiliser nos cadres», affirme un membre du bureau politique. Après une longue absence, Saâdani enchaîne directement ses rencontres avec les militants. Il tiendra aujourd'hui une grande rencontre régionale des militants de l'Est et du Sud à Annaba. Samedi dernier, Saâdani avait présidé une rencontre similaire à l'ouest du pays. Le chef de file du parti majoritaire convoquera également les militants du Centre samedi prochain à Alger. Pressé par le temps, l'homme fort du FLN n'a pas attendu la mise en place de son état-major pour tracer sa feuille de route. Il a même appelé ses coéquipiers à descendre sur le terrain pour préparer les militants. Une instruction invitant les membres du bureau politique à aller à la rencontre des militants sur le terrain leur a été adressée. «Les responsabilités n'ont pas encore été définies au sein du BP», assure notre source qui avoue ne rien comprendre. Pour être dans les délais, Saâdani ne veut rien laisser au hasard. Son challenge, décrocher à tout prix la présidence du Sénat, pour occuper le poste de deuxième personnalité politique de l'Etat, un acquis cher que compte préserver coûte que coûte le RND. Ahmed Ouyahia compte faire jouer toutes ses cartes pour ne laisser aucune chance à son rival de le dépasser. Le patron du RND s'emploie à exploiter la moindre activité pour interpeller ses cadres sur l'importance de l'échéance de décembre. Hier, il a présidé une rencontre avec les jeunes du parti à Zéralda. «Il s'agit d'une rencontre ordinaire sur les jeunes que voulait présider le secrétaire général», indique un membre du secrétariat national du parti. La sortie du patron du RND est la troisième du genre depuis un mois. Malgré ses responsabilités au sein de la Présidence, M.Ouyahia trouve toujours du temps à consacrer au parti et ce, contrairement à son prédécesseur Abdelkader Bensalah. Ce qui explique l'une des raisons de son retour à la tête du parti. Avec un poids lourd comme Ouyahia, le RND a toutes les chances de gagner la bataille et de renforcer son poids au sein de la première chambre du Parlement. Il faut reconnaître que les élections sénatoriales seront plus importantes que les précédentes. Avec les nouvelles missions qui lui seront confiées dans la prochaine Constitution, le Sénat, qui fut longtemps une institution budgétivore qui servait à valider les projets de loi, aura à jouer un grand rôle dans la vie politique du pays. Ce qui explique le remue-ménage entre le FLN et le RND. Les deux partenaires potentiels du pouvoir vont bientôt se déclarer la guerre. Le rejet mutuel des initiatives n'est qu'un début d'une confrontation qui ne dit pas son nom. Entre Sâadani et Ouyahia, le spectacle promet d'être palpitant.