Les plus optimistes lui prédisent de beaux jours, pas pour 2016 cependant où il devrait évoluer à des niveaux «bas». La traversée du désert prendrait fin en 2020. Le baril a défié tous les pronostics. C'est au moment où tous les indicateurs le prédisposaient à une «mise à mort» certaine qu'il a sorti la tête de l'eau (lire L'Expression du 23 janvier). Les cours de l'or noir ont progressé de plus de 15% (4,78 dollars) à Londres et de près de 14% (3,84 dollars) à New York en l'espace de deux séances. Vendredi, le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en mars a gagné 2,66 dollars à 32,19 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit une progression de 9,01% pour la journée et 13,54% en deux séances (Jeudi et vendredi Ndlr). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a gagné 2,93 dollars à 32,18 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), soit des progressions de, respectivement, 10,02% et 15,42% sur un et deux jours. Place aux commentaires et aux analyses pour trouver d'une part une réponse à ce fabuleux envol qui a marqué les esprits et pris de court les observateurs les plus avertis du secteur pétrolier. Il faut souligner que ce bond aussi remarquable soit-il est encore loin de rendre le sourire aux pays exportateurs de pétrole Opep et hors Opep dont les trésoreries ont été laminées par la brutale dégringolade des prix. Une question doit probablement les tarauder. Le baril tiendra-t-il la cadence? Les plus optimistes lui prédisent de beaux jours, pas pour 2016 cependant où il devrait évoluer à des niveaux «bas». C'est le cas du patron de la compagnie pétrolière française Total. Selon lui, la traversée du désert prendrait fin en 2020. «La production annuelle de brut aura décliné de 20 millions de barils par jour d'ici à cinq ans, à cause du déclin naturel des champs qui sont actuellement en production. Si l'on y ajoute le fait que la demande mondiale devrait progresser, il pourrait manquer, d'ici à 2020, l'équivalent de 8 mbj de production», a indiqué Patrick Pouyanné dans une interview accordée à l'hebdomadaire français l'Express. A quoi sera dû ce renversement de situation? «Les grands acteurs pétroliers baissent drastiquement leurs investissements» qui ne dépasseront pas les 500 milliards en 2016, alors qu'ils s'élevaient à plus de 700 milliards de dollars en 2014 explique le P-DG de Total. Les prix du pétrole prendront à ce moment là leur envol estime-t-il. Pour certains, la baisse observée depuis le début de l'année est injustifiée. «Je ne crois pas que la chute de 30% (des cours du pétrole) qu'on a vue au début de l'année était vraiment justifiée par les données fondamentales du marché, car la plupart des arguments baissiers auraient dû déjà être pris en compte dans les prix, qu'il s'agisse du ralentissement économique chinois ou du retour sur le marché de l'Iran», considère l'analyste Phil Flynn, de Price Futures Group. Comment s'annonce cet après rebond des prix? «Il se peut qu'on ne soit pas totalement sortis d'affaire mais je crois que nous voyons un retour de la confiance» a-t-il indiqué. La vague de froid qui fait grelotter l'Europe, l'Amérique du Nord et la Chine a apporté son grain de sel au débat. Les cours de l'or noir en bénéficieront-ils? En principe, oui, car cela contribuerait à booster la consommation de fioul de chauffage. Les plus pessimistes pensent que ce facteur est éphémère. «Nous considérons que cet élément-là est très provisoire», a déclaré Tim Evans, chez Citi. «Pour bien comprendre le marché pétrolier, il y a deux éléments qui jouent sur le long terme: les rapports de force entre les pays exportateurs et les fondamentaux en termes de production. Ces deux aspects n'ont pas changé donc, de mon point de vue, rien ne permet de corroborer l'hypothèse d'un niveau plancher», a renchéri Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. Autrement dit, les cours de l'or noir ne sont pas à l'abri d'une reculade... Réponse demain pour savoir si le baril va enchaîner une 3e hausse consécutive. Les avis pourraient alors changer.