Cette fois, aucun écart ne sera permis Le gouvernement se doit de bétonner le système pour éviter une récidive qui serait catastrophique pour l'institution du baccalauréat en Algérie. Les épreuves du baccalauréat partiel seront tirées dans l'imprimerie de l'Armée nationale populaire. Le recours à cette institution de la République répond d'abord au souci d'éviter tout amalgame, au moment où les travailleurs de l'Office national des examens et concours sont sous enquête judiciaire en rapport avec les fuites massives des sujets du bac. La seconde raison qui pourrait expliquer cette décision, tient dans l'importance qu'accorde le gouvernement à l'institution du baccalauréat. Assimilée à une atteinte contre la stabilité de l'Etat par les plus hautes instances du gouvernement, dont le Premier ministre et le directeur de cabinet à la présidence de la République, la fraude qui a porté un coup à la crédibilité de l'Etat, n'est pas tolérée et plus encore, elle fait présentement l'objet d'une enquête très sérieuse diligentée par la justice à l'effet de démasquer les auteurs de ce crime pour les traduire devant les tribunaux sous des chefs d'inculpation qui devraient être bien plus lourds qu'une simple tentative de fraude à un examen officiel. En fait, l'onde de choc qu'a suscitée cette affaire auprès de l'opinion nationale et des sphères décisionnelles du pays, montre qu'il existe un consensus national sur la nécessaire préservation du baccalauréat de toutes les atteintes susceptibles de nuire à sa crédibilité. Déjà critiqué par l'opinion en raison de la baisse du niveau, il est exclu, à voir l'attitude du Premier ministre et les autres acteurs politiques nationaux, à l'exception des islamistes, que la fraude vienne lui porter le coup de grâce. La riposte du gouvernement a été donc d'organiser une seconde session et de confier l'impression des sujets à l'institution militaire. Mais cela ne suffira pas à garantir zéro triche au 19 juin prochain. En effet, tant que les investigations des services de sécurité n'ont pas encore abouti, on ne connaît pas grand-chose du mode opératoire de l'organisation à l'origine des fuites massives. Il y a donc obligation pour le gouvernement de bétonner le système pour éviter une récidive qui serait catastrophique pour l'institution du baccalauréat en Algérie. Aussi, les services de l'Etat habilités, ne doivent rien laisser au hasard, surtout dans le pendant informatique de l'opération d'organisation de ce nouvel examen. L'une des mesures à prendre, note nombre de spécialistes en technologies d'information et de la communication, sera de verrouiller l'ensemble des réseaux sociaux actuellement en fonction sur toute la planète. Il ne s'agit pas, disent ces spécialistes, de se limiter aux plus connus Facebook et Twitter. Ils préconisent de tout sérier et de tout bloquer, l'avant-veille de l'examen, après s'être assurés qu'aucun sujet suspect ne circule sur aucun de ces réseaux sociaux au moment du blocage. Cette pratique ne relève pas de l'exploit technique et beaucoup de pays ferment leur espace Web aux réseaux sociaux de façon permanente. Cette mesure que certains pourraient qualifier de radicale, mais qui s'impose tant qu'on ne sait rien sur l'origine de la fraude, doivent s'ajouter aux mesures antitriche prises par le ministère de l'Education nationale lors de la session du baccalauréat du 29 mai dernier. L'Algérie sans Facebook, Twitter, Youtube et autres sites prisés pendant une bonne semaine n'entraînera pas un manque à gagner économique ou autres méfaits. C'est tout juste si les millions d'abonnés aux réseaux sociaux verront leurs habitudes chamboulées. Mais la crédibilité d'une institution comme celle du baccalauréat vaut tout de même ce petit «sacrifice». De plus, pareille mesure amènerait l'ensemble des Algériens à prendre la mesure de l'importance de préserver le système éducatif algérien, car en définitif, c'est bien de cela qu'il s'agit.