Le parti républicain était menacé d'implosion sous les coups répétés de Trump accusant ses pairs de torpiller sa candidature, tandis qu'Obama faisait campagne pour Hillary Clinton afin de l'aider à conforter son avantage. Le milliardaire républicain a accusé l'homme fort du Congrès Paul Ryan d'avoir «manqué de loyauté» quand il a annoncé lundi qu'il ne le défendrait plus, de peur de perdre non seulement la course à la Maison Blanche mais aussi le contrôle du Congrès. La campagne du républicain a subi un tournant avec la publication vendredi d'une vidéo de 2005 où il tient des propos dégradants à l'égard des femmes, perdant le soutien de plusieurs ténors du parti ainsi que des points dans les sondages. Le magnat de l'immobilier s'est cependant réjoui «qu'on lui ait enlevé les menottes». «Je peux maintenant me battre pour l'Amérique comme je veux», a affirmé le candidat qui, un temps, avait songé se présenter comme indépendant et a des relations notoirement difficiles avec la direction du parti. Bride lâchée, Trump s'en est pris au très respecté sénateur John McCain, le qualifiant de «grossier». Il «m'a supplié de le soutenir pendant ses primaires (je l'ai fait et il a gagné) puis il m'a lâché à cause de remarques de vestiaire!», s'est fâché le milliardaire. Son équipe de campagne a elle aussi adopté un ton belliqueux dans une publicité s'en prenant à la santé de Mme Clinton. Entre défilés nord-coréens et prisonniers du groupe Etat islamique, on y voit l'ancienne secrétaire d'Etat qui tousse puis qui chancèle après un malaise le 11 septembre. Le candidat a tenté, lors de sa très violente joute verbale télévisée dimanche contre Hillary Clinton, de recoller les morceaux de deux semaines de controverses continues sur ses impôts et son comportement machiste. Le président du parti Reince Priebus lui a réitéré son soutien. Mais la victoire à la présidentielle s'annonce difficile, a reconnu Donald Trump lui-même mardi, en accusant son propre camp. «C'est dur de bien faire quand Paul Ryan et les autres vous apportent zéro soutien!». Il a même estimé que les démocrates étaient «beaucoup plus loyaux entre eux» que les républicains. La pression montait parallèlement pour que d'autres déclarations compromettantes de Donald Trump soient rendues publiques, notamment celles qu'il aurait faites quand il animait l'émission de téléréalité «The Apprentice». Les fractures ouvertes au sein du parti républicain tranchaient avec la démonstration de force de la famille démocrate, qui sillonnait mardi les régions les plus disputées de la carte électorale. «Nul besoin d'être un mari ou un père pour dire que ce n'est pas bien», a fustigé mardi soir le président Barack Obama en réaction aux propos tenus par Donald Trump, lors d'un meeting de campagne pour Hillary Clinton à Greensboro, en Caroline du Nord. Son porte-parole avait assuré plus tôt que le président avait «trouvé la vidéo répugnante». Barack Obama a réaffirmé mardi soir que, contrairement à Hillary Clinton, Donald Trump n'est «pas apte» à assumer la fonction suprême. Et en a profité pour blâmer les soutiens inconditionnels du milliardaire. «Vous ne pouvez pas dénoncer de façon répétée ce que quelqu'un dit puis affirmer: je vais quand même le soutenir pour qu'il devienne le président le plus puissant de la planète», a-t-il lancé. Autre offensive, celle du président de l'équipe de campagne de Mme Clinton, John Podesta. Il a accusé Julian Assange, le créateur du site WikiLeaks, de faire le jeu de Donald Trump en publiant des milliers de messages piratés de son compte personnel. Mais la démocrate ne veut rien laisser au hasard, pour éviter l'abstentionnisme ou la dispersion des voix vers le candidat libertarien Gary Johnson, relativement populaire chez les jeunes. «Votre voix compte vraiment, vraiment, vraiment», a averti l'ancien vice-président de Bill Clinton, Al Gore, qui est sorti de son silence lors d'un meeting avec Hillary Clinton à Miami. «J'en suis la preuve vivante», a-t-il martelé. Il avait en effet perdu en 2000 l'élection présidentielle à quelques centaines de voix près face à George W.Bush.