Il préconise de «vivre avec la pluralité de nos mémoires», tout en déplorant «la brutalité des mémoires». Emmanuel Macron a marqué sa visite ce lundi par un meeting organisé pour la communauté française installée en Algérie. Plus de 500 personnes étaient présentes pour assister à un meeting politique organisé par un candidat à la présidentielle française à Alger. Sans doute, le seul candidat français à le faire. Dès 18h, de nombreux Français, mais aussi des Franco-Algériens et même des Algériens curieux de découvrir ce jeune candidat qui ne dépasse pas la quarantaine et qui a investi la capitale algérienne pour porter sa parole politique française. A l'hôtel Sofitel où était organisé le meeting, tout est installé à la perfection. Après plus d'une heure et demie de retard, Emmanuel Macron est arrivé à 19h30. Après avoir discuté avec le directeur de l'hôtel et certaines personnalités françaises, il est entré dans la grande salle où plusieurs centaines de personnes étaient acquises à sa cause. C'est le président du comité de soutien du candidat de son parti «En Marche» Jean-François Heugas, qui ouvra la séance avec un discours de bienvenue. Sur scène, plusieurs jeunes Français mais aussi des Franco-Algériens arborant un tee-shirt gris avec le logo du parti «En Marche». Emmanuel Macron entamera ensuite son discours de 45 minutes pour parler de plusieurs questions: l'immigration, la lutte contre le terrorisme, la mémoire et surtout l'économie. C'est sans doute le discours sur la mémoire commune qui a retenu le plus l'attention. Quand il préconise de «vivre avec la pluralité de nos mémoires», tout en déplorant «la brutalité des mémoires», il a mis sur le même pied d'égalité les Algériens ayant souffert du colonialisme, les pieds-noirs et les harkis qu'il a d'ailleurs cités dans sa déclaration. Macron qui a été reçu comme un président, a défendu dans son discours aussi bien les pieds-noirs que les harkis. A ce propos, il a ajouté: «Il y a des mémoires très différentes, bâties sur des traumatismes très différents. Quand on est responsable français et qu'on parle de relations algériennes, on marche sur des oeufs, parce qu'en parlant à l'un, on vient contredire l'autre. Je ne suis pas issu d'une génération qui a vécu la guerre d'Algérie, mais je la porte sur le dos.» Interrogé par un Franco-Algérien sur le devoir de mémoire et la promesse de tourner définitivement la page ou à demi-mot de la repentance, Macron refuse de s'engager et déclare «l'engagement que vous me demandez de prendre n'est pas un engagement de campagne. C'est un sujet essentiel et on ne traite pas ce sujet essentiel à la bonne hauteur. C'est un sujet qui ne s'annonce pas mais qui se fait. J'espère que vous avez compris dans les propos qui sont les miens la volonté de voir notre Histoire en face. Je ne ferais pas de démagogie, ce soir, je prendrais toutes mes responsabilités, une fois élu.» Evoquant la génération actuelle des immigrés et le nouveau risque du terrorisme, Macron a tenu un discours droit et direct: «Le terrorisme est islamiste, j'insiste sur ce terme de terrorisme islamiste», a-t-il déclaré, tout en protégeant l'islam de France. Pour Macron, il n'y a pas de terrorisme tout court. Pour lui, le terrorisme est islamiste, qu'il frappe en Algérie, en France, en Australie ou dans un autre pays, le terrorisme demeure islamiste. Il a précisé «que le terrorisme n'est pas islamique, mais islamiste». Macron croit dans un partenariat gagnant- gagnant avec l'Algérie: «Nous pouvons construire pour servir un partenariat renforcé, sur une vraie volonté d'avancer ensemble sur des défis communs. La France et l'Algérie ont à vivre des défis éminemment semblables sur le plan commun.» Le dernier volet, défendu par Macron dans son discours, a été la coopération économique: «Nous avons une relation économique à renforcer. Nous devons aider l'Algérie dans sa diversification. L'Algérie a le potentiel d'être le premier pays à développer l'énergie solaire.» Le meeting de Macron au Sofitel s'est achevé avec la traditionnelle séance de selfies avec les membres de la communauté française en Algérie mais aussi avec tous les Algériens qui souhaitaient le faire. Emmanuel Macron a réussi avec une communication soignée et un discours honnête et sans détour à accrocher le coeur des Algériens, mais aussi des Français d'Algérie.