Le Polisario reste mobilisé pour défendre ses droits Après le mensonge éhonté sur une prétendue volte-face de la Zambie qui aurait annulé sa reconnaissance de la Rasd, le royaume aux abois tente de duper la communauté internationale avec son soi-disant retrait à Guerguerat... Décidément, Rabat ne recule devant aucun forfait pour tenter d'imposer sa politique expansionniste au Sahara occidental. Ultime démonstration de cette mauvaise foi devenue un modus diplomatique, l'annonce du retrait par les autorités zambiennes de la reconnaissance de la Rasd, aussitôt démentie formellement par le chef de l'Etat zambien en personne. Encore une fois pris en flagrant délit de mensonge, le royaume poursuit, toute honte bue, son aventurisme cynique qui vise à duper l'opinion internationale en lui faisant avaler des couleuvres, baissant l'échine là où le bât blesse et bombant le torse pour faire illusion à un moment ou un autre. C'est notamment le cas avec cette histoire de «retrait» du Maroc d'une zone contestée au Sahara occidental. Or, il s'agit en fait du nouvel épisode d'un dangereux face-à-face diplomatique et militaire qui se joue depuis six mois entre le royaume et le Front Polisario. A la surprise générale, le Maroc a annoncé dimanche qu'il procéderait, à compter du jour même, à «un retrait unilatéral de la zone» de Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie, dans le sud-ouest du Sahara occidental. Une «manoeuvre sans intérêt» a aussitôt réagi le Polisario. Les autorités marocaines n'ont donné aucune précision sur les modalités de ce retrait, dans un no man's land de quelques kilomètres carrés, au milieu des dunes, près de la côte atlantique. Retrait intervenu sur décision du roi Mohammed VI, après une mise en garde en ce sens du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Disant vouloir lutter «contre la contrebande», l'armée marocaine avait entamé mi-août, au sud de la localité de Guerguerat, la construction d'une route goudronnée, au-delà de son mur de défense, barrière de sable qui marque la limite du Sahara occidental sous occupation illégale du Royaume marocain. Le Polisario a depuis multiplié les interventions dans cette zone faisant partie des «territoires libérés», et où il a déployé des patrouilles et installé une nouvelle base. Le Maroc poursuit son exploitation coloniale du Sahara occidental, depuis 1975. Le Polisario réclame l'organisation du référendum d'autodétermination promis par les résolutions permanentes du Conseil de sécurité de l'ONU et que Rabat s'efforce depuis de nombreuses années d'entraver et de remettre en cause de diverses manières. La situation de blocage dure ainsi depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu en 1991. L'ONU maintient une force de paix comptant environ 250 Casques bleus chargés notamment de surveiller le cessez-le-feu. Peu après le début des travaux marocains autour de Guerguerat, l'ONU s'était alarmée des risques de dérapage dans cette zone tampon, tandis qu'un document confidentiel du Conseil de sécurité estimait qu'il s'agit là d'une violation de l'accord de cessez-le-feu de 1991. Le quotidien américain New York Times titrait même en janvier sur la «prochaine guerre en Afrique du Nord». La presse marocaine a tenté de soutenir la thèse selon laquelle seule une portion de la route contestée -longue de 4 km- a finalement été asphaltée par les autorités marocaines. Mais les travaux n n'ont été interrompus que parce qu'il y a eu des opérations du Polisario qui se sont multipliées à partir de décembre. Ces mêmes actions ont débuté un mois avant le retour, fin janvier, du Maroc au sein de l'Union africaine (UA) et l'offensive diplomatique de Rabat pour un déploiement économique dans le continent. Dans un communiqué, le Front Polisario a dénoncé ce retrait «de quelques centaines de mètres» comme «de la poudre aux yeux». Des sites promarocains ont diffusé une vidéo de véhicules 4x4 du Polisario, paradant sur la route contestée, avec des hommes armés à bord. La situation à Guerguerat doit s'inscrire dans le «processus de décolonisation dans son ensemble», assure le Front Polisario, selon lequel il n'y avait auparavant «ni route, ni trafic commercial» dans cette zone tampon. Or ce trafic constitue «un changement du statu quo». C'est précisément autour de ce trafic routier que se cristallise désormais la tension, sur un axe que Rabat ambitionne d'exploiter pour les échanges entre le Maroc et l'Afrique, au mépris des dispositions onusiennes. Des tentatives de pression ont été déployées auprès du patron de l'ONU, pour tenter d'affirmer la nécessité de «garantir la fluidité du trafic» vers la Mauritanie. C'est oublier qu'il s'agit d'un trafic qui piétine les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et la mission de la Minurso et auquel le Polisario est en droit de riposter en bonne et due forme. Après avoir entravé pendant des années le processus du référendum et tenté d'annihiler la présence de la Minurso, le Maroc veut imposer ses desiderata au nouveau secrétaire général de l'ONU en usant de menaces explicites qui sont autant de coups d'épée dans l'eau face aux dispositions réitérées de la communauté internationale.