La situation sécuritaire reste critique en Irak où de nouveaux attentats ont secoué hier la capitale. Le Conseil de sécurité de l'ONU a accédé hier à une demande de l'Irak donnant son feu vert à la prolongation du mandat de la force multinationale stationnée dans ce pays. Entre-temps, les attentats suicide se sont multipliés et continuent à ensanglanter le pays. Ainsi, l'Irak ne sait plus comment sortir du cercle vicieux des attentats suicide dont l'intensité n'a pas baissé, bien au contraire. Selon les données des ministères de l'Intérieur et de la Santé, le mois écoulé a enregistré de nouvelles cimes avec 672 personnes ayant péri dans les violences en augmentation de 19% par rapport au mois d'avril. Selon ces ministères, ce bilan, cumulé à celui du mois d'avril, montre une hausse sensible de la violence durant les deux derniers mois. Selon ces chiffres, 672 Irakiens on trouvé la mort et 1174 autres ont été blessés en mai contre 567 tués et 668 blessés pendant le mois d'avril. Il est à relever que la majorité des victimes comptabilisées sont des civils. Ces chiffes, indiquent aussi que, lors de la période concernée, il y a eu 33 attentats à la voiture piégée, 17 explosions de bombes artisanales et 30 attaques armées à travers le pays. Ce qui indique éloquemment que la «rébellion», telle que qualifiée par le gouvernement d'Ibrahim Al-Jaâfari, n'a pas abdiqué et poursuit des actions de plus en plus sanglantes à travers le pays. La situation sécuritaire, qui dépasse largement les possibilités actuelles de l'Irak, a induit les autorités irakiennes à demander, outre la prolongation par l'ONU du mandat des forces étrangères en Irak, l'aide de la communauté internationale, et notamment les Etats-Unis, déclare le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari. Ce dernier a formellement sollicité l'ONU d'autoriser la force internationale (FMN) à prolonger son mandat en Irak, indiquant que son pays faisait face «à une campagne destructrice de terreur et de violence visant à faire dérailler le processus politique», soulignant «malgré nos efforts continuels pour renforcer nos forces de sécurité, ces forces ne peuvent pas encore assurer la pleine responsabilité du maintien de la sécurité nationale et de la défense des frontières». Selon la résolution 1546 de juin 2004, sur la FMN en Irak, le Conseil de sécurité peut réexaminer le mandat de la force multinationale à la demande de Bagdad où douze mois après la date de son adoption, ce mandat venant à terme en ce mois de juin 2005. Quelque 175.000 soldats de 25 pays sont déployés en Irak, rappelle-t-on, dont le plus important contingent reste celui des Etats-Unis (140.000 soldats). Sans surprise, le Conseil de sécurité a donc accédé à la sollicitation irakienne en autorisant la prorogation du mandat de la FMN sans toutefois adopter une nouvelle résolution ou faire une déclaration présidentielle. C'est ainsi que le feu vert a été annoncé par une déclaration à la presse de la présidente, pour le mois de mai, de l'ambassadrice du Danemark, Mme Ellen Loj. Celle-ci a indiqué en effet que le Conseil s'est «félicité des progrès accomplis dans le recrutement, la formation et l'équipement des forces de sécurité irakiennes» et exprimé l'espoir que ces forces soient bientôt en mesure «d'assumer la responsabilité de la sécurité nationale de l'Irak». Par ailleurs, M.Zebari a indiqué qu'il allait demander une accélération des efforts américains, lors d'une rencontre (hier) avec son homologue américaine Condoleezza Rice, indiquant «nous avons besoin de la coopération de tous nos voisins et de la communauté internationale pour accélérer le processus de formation, d'équipement et d'aide (aux forces de sécurité irakiennes) parce que cela écourtera le mandat de la Force multinationale (FMN)». Dans ses déclarations mardi à la presse à New York, Hoshyar Zebari souligna: «Nous avons besoin de l'engagement continu des Etats-Unis dans ce processus. Pour nous c'est très important. Il est important d'accélérer la formation, la construction de ces forces. Je sais que beaucoup d'efforts sont faits mais la rapidité est essentielle». Dans un pays totalement déstabilisé et déstructuré autant par l'invasion américano-britannique de mars 2003 que par la guérilla qui y sévit depuis deux années, alors que ses forces de sécurité et son administration se sont effondrées, tout est en effet à (re)construire et l'aide étrangère semble, à ce stade, primordiale, d'autant que la persistance de la guérilla met en péril le processus politique et le rétablissement de la souveraineté de l'Etat de même que la remise en ordre des affaires de l'Irak.