Une déclaration sera lue séparément par les présidents de l'APN et du Sénat. Maintenant que le président Bouteflika a réagi publiquement à la loi française du 23 février portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, le Parlement bicaméral devra en faire autant lors de la clôture de la session d'automne prévue pour jeudi prochain. Des sources parlementaires parlent d'une déclaration qui sera lue séparément par les présidents de l'APN et du Sénat, en l'occurrence Amar Saïdani et Ahmed Bensalah. Pour rappel, il était question d'une motion conjointe que devaient élaborer les deux chambres du Parlement, mais la réunion qui devait se tenir sur convocation du chef de l'Etat n'a pas eu lieu. Le flou subsistait autour de la réaction des hautes autorités qui ne voulaient pas se prononcer sur cette question. Mohamed Bedjaoui, le ministre des Affaires étrangères a préféré renvoyer le problème à «une affaire franco-française». Les groupes parlementaires de chaque chambre ont finalement opté pour des réunions internes séparées. Ce qui engage la classe politique représentée dans l'Alliance présidentielle qui représente à son tour l'Exécutif. Une manière d'impliquer toute la société algérienne avec ses différentes strates. En réagissant avec véhémence, le premier magistrat du pays vient de donner le feu vert aux parlementaires d'exprimer ouvertement leur position contre la loi scélérate. Ceci intervient après un flottement et un silence qui ont duré trois mois, donnant une impression d'indifférence, mais voilà que le président de la République, profitant de la tenue du colloque organisé sous le thème «La naissance et l'évolution de l'armée nationale», a mis les points sur les «i» à l'occasion du 50e anniversaire de l'Ugema devant un parterre de personnalités nationales historiques et politiques. Le président de la République s'est clairement prononcé en des termes acerbes: «Nous devons être vigilants à l'égard de ces lois émanant du Parlement français et qui sont loin d'être innocentes.» Il faut s'attendre à ce que le Parlement bicaméral emboîte le pas au président de la République après cette sortie ainsi que celles émanant d'autres personnalités qui ont protesté contre une lecture révisionniste de la colonisation à l'image du ministre des Moudjahidine et d'Ahmed Mahsas longtemps absent de la scène politique. Il faut dire que le président, avec cette sortie, relance la polémique autour de la loi qui n'est apparemment pas près de connaître son épilogue. Ce qui sous-entend que Bouteflika pose comme préalable à toute refondation des relations algéro-françaises le respect de la mémoire collective du peuple algérien. Ce qui risque fort bien de compromettre, voire de retarder la signature du fameux traité d'amitié devant être ratifié à la fin de l'année en cours. Un travail de proximité a été entrepris dans ce sens. D'abord par le parti de Belkhadem qui a mené une campagne contre cette loi en actionnant la machine de la contestation. Ensuite par des organisations et des personnalités dont le destin est lié à la lutte de libération nationale. Le Parlement sera sans doute conforté dans ses positions puisque le président vient de réagir à la loi du 23 février. Il faut s'attendre, selon nos sources à ce que le Parlement algérien demande à celui de l'Hexagone de revoir sa copie et de retirer la loi qui fâche. Concernant le bilan de la dernière session, plusieurs textes d'une importance capitale dans la réforme de la justice ont été adoptés, principalement celui ayant trait à la lutte contre la corruption. Le ministre de la Justice et garde des Sceaux avait déclaré lors de l'adoption de la mouture que la Cour des comptes allait être de nouveau opérationnelle. Il a également fait état de la mise en place d'un observatoire qui a pour mission de traquer les corrupteurs et les corrompus, notamment dans les institutions. L'autre texte qui est tout autant important concerne le code des eaux que le Sénat devra adopter mercredi prochain, la veille de la clôture de la session de printemps.