Les dirigeants du G8 se retrouvent à partir d'aujourd'hui à Gleneagles pour débattre d'importants dossiers dont ceux de la pauvreté et du réchauffement climatique. Le hasard faisant bien les choses et le calendrier international s'étant montré quelque peu malicieux, les pays les plus riches du monde, regroupés dans le «G8» (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Japon, Canada, Italie et Russie) tiendront leurs assises au moment où les Africains de l'Union africaine clôtureront leur sommet. C'est que l'Afrique tiendra une place importante dans les débats du G8. Celui-ci aura de fait à traiter plusieurs thèmes, considérés comme cruciaux, parmi lesquels la question récurrente du réchauffement climatique, sur lequel les positions demeurent divergentes, notamment du fait de l'inflexibilité de Washington qui, par son unilatéralisme, avait déjà mis à mal la Convention de Kyoto sur l'environnement. De fait, sur ces questions d'intérêt stratégique mondial, le président américain George W.Bush, qui fait cavalier seul, détient «la clé d'un accord sur le réchauffement climatique», indique-t-on. Les Américains restent réservés et M.Bush ne se prive pas de déclarer que si le plan d'action du G8 «ressemble au protocole de Kyoto, (selon lui, pourri) alors la réponse (américaine) sera non», a-t-il dit récemment, tout en admettant que le réchauffement climatique «est un problème important, à long terme, face auquel nous devons agir». Le Premier ministre britannique Tony Blair, hôte du sommet, ne cachait pas son pessimisme sur ce dossier admettant qu'un accord sera «très difficile», car indique-t-on, les Etats-Unis, contrairement aux Européens, estimaient, jusqu'à une date récente, qu'il n'y avait pas urgence à agir et que les «sauts technologiques» attendus vers 2040 (pile à combustible, hydrogène, quatrième génération nucléaire, stockage souterrain du CO2) règleraient le problème. De fait, les Etats-Unis accusés d'être le principal responsable de la détérioration climatique ne sont guère pressés de mettre un frein à leur boulimie dans l'utilisation de matières dangereuses pour l'environnement ni à réviser leur mode de vie qui reste l'une des causes responsables du réchauffement climatique et de la dégradation de l'environnement mondial. Le second dossier, qui va retenir l'attention du G8, concerne l'aide à l'Afrique et le problème de la pauvreté. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, en inscrivant ce dossier comme l'une des priorités du G8, durant sa présidence, voulait frapper un grand coup, d'autant plus que les maux de l'Afrique sont en grande partie hérités, outre de la colonisation, de l'exploitation éhontée dont est victime le continent. Un premier geste a d'ailleurs été consenti il y a quelques semaines en direction des pays pauvres très endettés (Ppte) par l'effacement de la dette de 18 pays dont la moitié sont africains. Mais cet effacement a été jugé insuffisant par les pays africains qui estiment qu'il ne répond que partiellement aux demandes africaines. Ainsi, les Africains sont accrochés aux espoirs que suscitent les promesses faites par les pays riches mais dans le même temps sont assaillis par les doutes, face aux incertitudes de la tenue de ces engagements par le G8. De fait, le ministre britannique des Finances, Gordon Brown, a quelque peu douché les attentes en déclarant hier: «Je sais que vous allez nous dire que nous pouvons faire plus (...) mais nous devons trouver un accord avec les autres dirigeants» indiquant que «ce que dit la Grande-Bretagne, c'est une chose, mais le résultat de Gleneagles dépend de ce dont nous convaincrons le reste du monde». Plusieurs ONG ont en fait accusé le gouvernement britannique de «battage médiatique» relativisant l'agitation dont fait montre Tony Blair autour de la pauvreté dans le monde. Par ailleurs, d'aucuns estiment que le sommet du G8 peut se ressentir des (très) mauvaises relations entre M.Blair et le président français Jacques Chirac, d'autant plus que M.Bush, n'est pas prêt à suivre toutes les propositions de son ami et allié privilégié britannique, Tony Blair, notamment sur la question de l'aide à l'Afrique. Globalement, Londres souhaite faire passer l'aide de 50 à 100 milliards de dollars par an sur les dix prochaines années. Un objectif, estime-t-on, qui pourrait être atteint avec le doublement promis de l'aide de l'UE de 40 à 80 milliards de dollars d'ici à 2010, et les efforts supplémentaires envisagés par les Etats-Unis. Toutefois, reste la question de la suppression des barrières protectionnistes des pays riches laquelle partage les membres du G8. De fait, ce volet semble gelé, du moins il ne fera l'objet d'aucun accord avant la réunion de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) prévue en décembre à Hong Kong indique-t-on dans les milieux proches du dossier. Londres proposait la création d'un mécanisme financier pour l'ensemble des pays pauvres, dit de «Facilité financière internationale» (International Finance Facilty, IFF) qui prévoit le doublement de l'aide publique au développement (APD) pour la faire porter à 100 milliards de dollars d'ici à 2015. Proposition rejetée par les Etats-Unis qui affirment que l'IFF était «incompatible avec le processus budgétaire américain». Le conflit israélo-palestinien, Londres voulant relancer le processus de paix au Proche-Orient, la lutte contre la prolifération des armes nucléaires, les cours du pétrole, une première pour le G8 -qui va examiner les fluctuations des cours du pétrole et leur impact sur l'économie et les finances mondiales-, de même que la lutte contre le terrorisme qui reste, estime-t-on dans l'entourage de la présidence britannique, l'une des priorités du G8, sont les autres dossier à l'ordre du jour de la réunion du G8 à Geneagles.