«Je saisis cette occasion pour m'exprimer sur ce qui se dit au sujet de tamazight. Nous avons vécu une manoeuvre démagogique, pour ne pas dire plus, au niveau du Parlement.» Le Premier ministre ne va pas de main morte à propos de la polémique sur la généralisation de tamazight. «C'est une manoeuvre démagogique visant à semer l'anarchie au niveau d'une région bien connue du pays», a-t-il dénoncé, hier, en marge de la réunion de la tripartite consacrée à la signature de la charte sur le partenariat public-privé. Le chef de l'Exécutif va encore plus loin avec des accusations à peine voilées à l'encontre de la députée du Parti des travailleurs responsable de la proposition de loi qui a fait controverse. «Je saisis cette occasion pour m'exprimer sur ce qui se dit au sujet de tamazight. Nous avons vécu une manoeuvre démagogique, pour ne pas dire plus, au niveau du Parlement», a t-il soutenu. Avant d'enfoncer encore plus le clou. «Les auteurs de cette manoeuvre, en manipulant les citoyens, en particulier les étudiants, voulaient semer l'anarchie dans une région bien connue du pays», a t-il fait remarquer assurant que tamazight «est consacrée par la Constitution et elle est enseignée dans 38 wilayas du pays». Le Premier ministre en veut pour preuve que tamazight est enseignée dans les cycles de l'enseignement moyen et secondaire et fait l'objet d'examens du BEM et du baccalauréat. «Elle est aussi enseignée dans sept universités (licence et LMD) en plus de 10 centres de recherche universitaire qui lui sont consacrés», a précisé Ouyahia. «Ceux qui prétendent que l'Etat a oublié tamazight sont en train de mentir au peuple. Ils veulent semer l'anarchie et emprunter d'autres chemins pour allumer un brasier en manipulant les habitants des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa», a t-il soutenu. «Ce sont là les informations que nous voulons transmettre à l'opinion publique pour qu'elle soit éclairée sur cette question», a t-il conclu avec colère. Avec ces déclarations, Ahmed Ouyahia vient d'ouvrir le feu sur le parti de Louisa Hanoun en l'accusant ouvertement d'être derrière la manoeuvre visant à déstabiliser la région de la Kabylie. Il ne donnera cependant pas les raisons qui auraient poussé le parti à user de ce qu'il a qualifié de «manoeuvre démagogique». Il faut s'attendre, après cette attaque frontale, à une réplique de la secrétaire générale du parti, Mme Louisa Hanoune. Cette dernière, faut-il le rappeler, est pour la seconde fois mise au banc des accusés en ce qui concerne la polémique de tamazight. Djamel Ould Abbès, le patron du FLN, a également parlé de «manoeuvres». S'exprimant, en marge de la célébration du 40ème anniversaire de la diplomatie parlementaire, le secrétaire général de l'ex-parti unique, a affirmé que les récentes manifestations dans trois wilayas du pays, sont à mettre sur le compte d'une tentative de déstabilisation qui prend ses racines en 2011 où «certaines parties en Kabylie tentaient de créer visiblement des troubles». Pour le premier responsable du vieux parti, ces manoeuvres «ont été et seront vouées à l'échec». Il met en garde les auteurs, qu'il n'a pas cités, contre «toute tentative» susceptible de mettre en péril «la cohésion et l'unité du pays». Cette réaction, la première du FLN depuis le refus par les députés de la majorité d'un amendement présenté par le Parti des travailleurs, dans la loi de finances 2018, ayant trait à tamazight, qui a placé le débat, au niveau de la manipulation politicienne, vient d'être appuyée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Louisa Hanoune sera bien évidemment attendue sur cette question.