Ce parti a cette manie de souffler le chaud et le froid, et de «forger» ses positions, au gré des conjonctures politiques. «Nous n'allons pas prendre part à la dernière fraude du siècle» martelait le Dr Said Sadi, à la veille de l'élection présidentielle d'avril 1999. Comble de l'ironie, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, n'a pas hésité à sauter sur la première occasion pour siéger -aux côtés des islamistes- dans un Exécutif pourtant issu d'un scrutin que le parti avait boycotté, en raison disait-il de velléités de fraude massive. Il quittera quelques mois plus tard le gouvernement, sous la pression de la rue, sur fond d'émeutes sanglantes du Printemps noir 2001. Ce qui n'a pas été sans conséquences sur la stabilité du parti, avec, notamment la démission de Amara Benyounès, qui créera par la suite l'Union pour la démocratie et la République (UDR). Pour sa part Khalida Toumi, qui avait fait l'objet d'une campagne de dénigrement au sein de sa formation, quitte le RCD pour rejoindre le deuxième gouvernement de Ali Benflis. L'un en restant au gouvernement et l'autre se voulant porteuse d'un nouveau projet, l'UDR, a voulu profiter du climat de pourrissement en Kabylie, pour se poser en alternative. En faisant office, bien entendu de porte-voix de ceux qui ne se revendiquent d'aucune formation politique et dont l'espoir est de voir la région longtemps mise en marge du développement, renaître de ses cendres. L'autre incohérence, et non des moindres du RCD c'est de participer à l'élection présidentielle de 2004 et de faire campagne contre le dialogue entre les archs et le gouvernement. Une position qui est la conséquence de l'implosion du mouvement citoyen, entre les dialoguistes menés par Belaid Abrika et le fameux groupe de Mechtras, qui avait fait campagne pour Said Sadi lors de la précédente présidentielle. A noter, par ailleurs, que ce n'est pas la première fois que le RCD met sa stratégie politique au diapason avec les éventuelles «parcelles» de pouvoir qu'il pourrait glaner. C'était le cas, lors de l'élection présidentielle de 1995, quand le parti de Said Sadi n'a pas hésité à faire capoter la «grève du cartable» à la faveur de sa participation à l'élection présidentielle. Un épisode qui avait fortement porté préjudice au mouvement culturel berbère, qui s'est scindé en trois tendances, à savoir, commissions nationales proches du FFS, coordination nationale, dont les animateurs se revendiquent du RCD et rassemblement national, incarné par l'actuel président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) en l'occurrence Ferhat Mehenni. Le RCD qui a donc cette manie de souffler le chaud et le froid, et surtout de «forger» ses positions, au gré des conjonctures politiques, s'est toujours exprimé en fonction du positionnement politique de son frère-ennemi de toujours, le FFS. Même si, lors de son dernier passage sur la chaîne Brtv, le leader du RCD avait fait un appel du pied au parti de Hocine Aït Ahmed, en se disant favorable à des listes communes, il demeure que l'objectif escompté à travers cette initiative, c'est avant tout de se replacer sur la scène politique kabyle. D'autant plus que le RCD a beaucoup de terrain dans la région, au point où sa direction nationale s'est carrément «éclipsée» au lendemain de la débâcle de l'élection présidentielle d'avril 2004. Pourtant le parti de Said Said ne feint pas d'ignorer que sa proposition- c'est d'ailleurs le cas- serait nulle et non avenue pour le vieux parti de l'opposition. Le comble de tout cela est le fait que le RCD qui avait, rappelons-le, boycotté les dernières élections locales, annonce contre toute attente sa participation aux partielles, issues pourtant du même processus électoral. C'est là, sa énième incohérence.