Sécuriser la cité n'est pas de l'unique ressort des services de sécurité. Oran a enregistré au cours du premier semestre 2005, 17 homicides. Ce chiffre effarant renseigne sur l'ampleur du phénomène de la violence urbaine qui a connu une explosion ces dernières années. Le terrorisme, qui avait mobilisé tous les efforts des services de sécurité, constitue une explication de cette recrudescence de la violence urbaine qui a trouvé un terreau favorable dans la société minée par un chômage galopant et une diminution du pouvoir d'achat. La capitale de l'Ouest est restée durant de longues années, otage des groupes de criminels et de délinquants qui dictaient leur loi aux citoyens. Il y a environ deux ans, des malfaiteurs avaient poussé l'outrecuidance jusqu'à opérer en plein jour et dans des endroits pourtant fréquentés. Le groupe du quartier Saint-Pierre, un dédale de maisons enchâssées dans les hauteurs du centre-ville avait, il y a environ deux ans, investi Oran en plein jour pour s'attaquer à des magasins. Ces bandes cagoulées avaient agi en plein jour et dans des endroits réputés sûrs comme le Front de mer et la place des Victoires, semant sur leur passage du sang et des cendres. Cette descente a été organisée, selon les habitants du quartier Saint-Pierre, pour punir le gang de la Bastille qui avait osé piétiner ses plates bandes en s'investissant dans le trafic de cigarettes étrangères que les barons de Saint Pierre considéraient comme leur chasse gardée. L'opération qui avait jeté l'émoi parmi les habitants d'Oran avait démontré l'ampleur du phénomène de la violence urbaine. Le soir les citoyens n'osent plus s'aventurer dehors et certaines cités deviennent inaccessibles et peu sûres la nuit. A Oran, le phénomène n'a épargné, aucune tranche d'âge. Même les enfants ont été gagnés par la vague de délinquance. Un enfant tout juste âgé de 11 ans qui avait fugué de son domicile s'était illustré par des vols à la sauvette de portables commis en plein jour et en plein centre-ville. Il y avait même réussi à constituer une bande qu'il commandait pour commettre ses forfaits. «Avant le quartier des Planteurs réputé pour être le potager de la ville d'Oran mais aujourd'hui il est devenu un lieu où se cultivent toutes les formes de délinquance», dira un Oranais. Les quartiers situés sur les hauteurs de la ville, véritable cité dortoir couvent des jeunes désoeuvrés qui n'hésitent pas à jouer de la hache ou de l'épée pour voler et verser dans le banditisme. Il y a quelques années, un vol a été commis en plein centre-ville et en plein jour. Une bande de malfaiteurs n'avait pas hésité à attaquer une bijouterie située en plein rue Larbi Ben M'hidi. Les services des urgences médico-chirurgicales reçoivent en moyenne une vingtaine de victimes d'agression avec armes blanches. Les responsables de cette structure ont indiqué que certaines fois il leur arrive de recevoir des victimes de vendetta entre bandes rivales. Le recours aux bombes lacrymogènes et autres objets tranchants est devenu une caractéristique à Oran. Dans certains cas, le recours aux chiens de garde et au fusil harpon est signalé par certaines victimes. Il y a environ six mois, la justice avait montré plus de sévénité à l'égard des jeunes arrêtés en possession d'armes blanches. Les malfaiteurs font alors preuve d'imagination en s'armant de tournevis, un objet inoffensif utilisé par tous les bricoleurs et qui devient très dangereux quand il est entre les mains de malfaiteurs. Cet objet passe inaperçu quand son détenteur est contrôlé par les services de sécurité. Des structures ont été installées pour contenir cette violence urbaine qui s'étend à Oran. Des classes spécialisées ont été ouvertes pour former les jeunes mineurs en danger moral. A ce titre, le Cfpa de la cité Djamel, avec la collaboration de l'association « Iqraâ » a ouvert une classe qui s'est avérée exiguë selon les spécialistes. Les rafles opérées ces derniers jours par des brigades mixtes police-gendarmerie ont commencé à porter leurs fruits. Toutefois, il faut reconnaître que la mission de sécurisation des villes ne doit pas incomber uniquement aux services de sécurité, c'est tout un travail auquel doit participer toute la société qui, elle, subit sans broncher le diktat des malfaiteurs qu'elle a couvés en son sein.