Cette campagne illimitée vient de s'accompagner par la naissance du réseau «Maastratégie» Les traits burinés par la vie, M.Saâdaoui, fellah, arbore le portrait du président. Il attend l'arrivée du ministre à l'intérieur de la mosquée du douar, parmi des dizaines d'autres personnes. Pour ce fellah assailli pendant longtemps par les islamistes armés, l'émotion est grande. Lui et sa localité, Sidi Ammar, reçoivent pour la première fois la visite d'un officiel de l'Etat algérien, le Docteur Rachid Benaïssa, ministre délégué chargé du Développement rural. Sidi Ammar, une localité située à une trentaine de km du chef-lieu de la wilaya de M'sila, s'est réveillée allègre et ornée de banderoles malgré la douce grisaille que tentaient d'imposer ces premières pluies d'automne. «Le 29 septembre je voterai pour que les problèmes soient réglés. Je ne connais pas encore tous les principes de cette réconciliation, je ne maîtrise pas la politique mais je vais voter quand même», confie M.Saâdaoui qui souligne cependant que le centre de soins de son douar est fermé depuis des années, que l'école est à une dizaines de kilomè-tres, que la route est défoncée et que le chômage bat son plein. «Je ne maîtrise pas la politique mais je voterai quand même. Je voterai pour la paix» se répète-t-il. Depuis des années, il affirme que tout lui fait peur : le bruit, les gens, les cris d'enfants... «j'ai peur de quelque chose, je ne sais pas de quoi, je ne pouvais pas dormir. Toutes le nuits je deviens captif aux cauchemars. Le sang, le crépitement des balles, les cris de douleurs, les oraisons et les supplications... ». L'arrivée du ministre délégué chargé du Développement rural a dépoussiéré l'attitude anxieuse de ces citoyens frustrés par la vie. Ces images, ces scènes et ces décors se sont installés en milieu rural il y a longtemps. Bien avant le début officiel de la campagne électorale pour le référendum du 29 septembre, bien avant que les politiques investissent le terrain uniquement et simplement pour cette mission occasionnelle. Les sorties de Rachid Benaïssa ont toujours les parfums de campagne et de sensibilisation pour une réconciliation durable. L'exigence de la paix et de la sécurité a toujours été le premier souci exprimé dans les localités visitées par le ministre. Les slogans inscrits sur les banderoles qui accueillent sa délégation l'affirment depuis des années: «La paix et la sécurité, ensemble signifient le retour de l'équilibre démographique entre le milieu rural et la ville, la réussite de la réconciliation signifie la réussite du développement rural durable, la paix et la réconciliation: c'est une nouvelle naissance d'une Algérie nouvelle...». A la seule différence, qu'en ces moments de campagne étalée, la démarche de proximité du ministre délégué chargé du Dévelop-pement rural s'est officiellement accompagnée par une dynamique sociale structurée. C'est à partir de la wilaya de M'sila où se trouvait le ministre, il y a une dizaine de jours, qu'a été annoncée officiellement la naissance d'un mouvement accompagnateur sous l'appellation significative de «Maastratégie» (Mouvement associatif accompagnateur de la stratégie nationale de développement rural durable). Pour cette frange de la société vivant en milieu rural, le pari ne sera pas gagné avec le retour de la paix, avec la réussite du référendum du 29 septembre. Un cauchemar se termine et un défi commence. Le défi d'une lutte durable avec une nature souvent austère qui nécessite une réconciliation durable. C'est une approche pragmatique d'une réconciliation dépouillée du discours politicien et électoraliste. Elle se traduit quotidiennement dans les déplacements qu'effectue M.Benaïssa dans les coins les plus reculés du pays. Aussi, le renforcement de la cohésion sociale, la lutte contre la pauvreté, l'atténuation de l'exode rural, l'amélioration de la sécurité alimentaire des ménages ruraux, l'épanouissement de ces populations, le développement de la vitalité des territoires, procèdent de cette approche et constituent l'essence même de la réconciliation nationale. Sous-tendue par le concept de développement rural, la réconciliation durable prêchée par le ministre délégué chargé du Développement rural touche à tous les ménages ruraux, notamment ceux vivant dans les zones isolées et marginalisées. Elle vise à assurer notamment la synergie entre le développement économique et social, à assurer un équilibre entre les territoires urbains et ruraux, à préserver les capacités de renouvellement des ressources naturelles et humaines, à valoriser les ressources des territoires ainsi que leurs atouts. Juste en guise de repère, pour ne pas se «dissoudre dans le temps», la stratégie se fixe des projections décennales 2004-2013. Uniquement pour cette période, elle cible quelque 500.000 exploitations agricoles considérées comme économiquement viables, sur un total de 1 million d'exploitations. Une approche qui permet au simple citoyen de devenir lui-même l'acteur de son développement en ce sens qu'il sera plus étroitement associé aux processus de décision. Cela n'est pas le fait du hasard. La démarche qui découle d'une approche a nécessité un échange entre la base et l'administration (l'administration agricole et forestière, les APC, les daïras, les services techniques locaux...) ainsi qu'une mobilisation coordonnée et complémentaire autour des actions du projet. Elle a nécessité également l'intégration des différents dispositifs de soutien existant, des budgets d'équipement sectoriels, des fonds spécifiques et des bud-gets des collectivités locales, qui viennent en appui aux actions économiques à soutenir. Ainsi conçue, la démarche répond au souci de promouvoir un développement rural intégré et une gestion durable des ressources naturelles. Elle vise à renforcer les motivations qui ont conduit les populations à rester sur place et à leur donner les moyens de se développer. Le pas sûr, l'oreille tendue et le regard lucide et attentif, Rachid Benaïssa brise sur son passage les cloisonnements entre les divers intervenants, réhabilite l'action individuelle, renforce la concertation et libère les freins qui bloquaient l'épanouissement. Ce travail titanesque n'est ni circonscrit ni limité dans le temps. Demain, la semaine prochaine, après le 29 septembre, le mois prochain, l'année prochaine, la campagne de M.Benaïssa continue... «C'est une expérience à la fois passionnante et excitante», confie-t-il.