Même si le projet de charte contient des lacunes, le conseiller pense que la paix et la réconciliation sont l'urgence du moment. «Je ne dis pas que la charte est un texte parfait, seul Dieu l'est», a clairement avoué le conseiller à la présidence de la République, M.Djiar, lors d'une conférence qu'il a animée lundi soir au Centre culturel algérien de Paris. Chargé de sensibiliser la communauté algérienne à l'étranger autour du projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, l'émissaire du président a fait preuve de franchise. Même si le texte contient des lacunes, souligne-t-il, la paix et la réconciliation sont l'urgence du moment. Sur ce point, le conseiller a tenu à préciser qu'il ne faut pas confondre «vitesse et précipitation» en expliquant par la suite que «l'urgence aujourd'hui» est d'asseoir cette doctrine de paix. En s'adressant aux cadres universitaires et aux étudiants, ce dernier n'a pas dissimulé les insuffisances et les critiques relevées sur ce texte quant aux traitement de plusieurs questions. «Il est prévu une batterie de textes d'application de la dizaine de mesures qui y sont proposées et que l'on pourrait éventuellement réadapter à terme, selon les réalités du moment», a-t-il déclaré. Tout en développant le contenu de la charte, M.Djiar n'a pas manqué de rappeler la douloureuse époque de la décennie noire pour rendre hommage à l'institution militaire. Dans ce contexte de paralysie totale, il dira que «seule l'institution militaire a résisté pour tenter de sauver les valeurs républicaines grâce à sa traditionnelle discipline et son esprit de corps». Et d'ajouter toutefois: «Les quelque 60 partis politiques se trouvaient dans l'incapacité de s'entendre pour trouver une réelle sortie de crise». Le conseiller a enchaîné son discours sur le processus de concorde civile appliquée en 1999 par le président Abdelaziz Bouteflika. Cette stratégie, visant à consolider l'Etat de droit et à mettre à niveau le pays, a donné, indique t-il, des «résultats positifs». Aujour-d'hui, ce responsable pense que les conditions permettent d'aller plus loin et de tourner définitivement la page, «sitôt la paix et la réconciliation nationale acquises pour s'occuper des vrais problèmes». Après le référendum, le conseiller affirme qu'un grand chantier de réformes reste à réaliser, et ce, compte tenu des retards et des immenses potentialités pouvant permettre de construire une économie solide et dynamique et éliminer «l'économie de bazar». A une question sur une éventuelle poussée des extrémismes qui risquerait de replonger l'Algérie dans le chaos des années 1990, M.Djiar est revenu longuement sur cette question pour écarter toute ambiguïté. Il dira que le projet de charte annonce aussi «la lutte préventive» contre ces fléaux et interdit toute activité politique aux extrémismes religieux ou culturels. «La charte ne veut dire ni l'impunité, ni l'amnistie» pour les crimes définis par le texte et «dont les faits seront établis» a-t-il précisément dit en soulignant par la suite qu'il ne faut pas faire d'amalgame «entre l'islam, religion d'amour et de paix», et «son instrumentalisation politique.» «La charte ne veut pas dire aussi oubli», a ajouté M.Djiar, insistant sur le fait que «nous enseignerons à nos enfants ce qui s'est réellement passé pour que, plus jamais, cela ne se reproduise». La définition du concept de «victimes» de la tragédie nationale, incluant «les contraintes au maquis et leurs enfants dont on se demande quels crimes ils ont pu commettre», la question des disparus que l'Etat s'engage à prendre en charge et le rôle des dans le processus de réconciliation, ont été autant d'autres points soulevés. Evoquant par ailleurs, la loi française du 23 février 2005, qui fait l'apologie du colonialisme, M.Djiar et aussi bien les intervenants au débat, ont souligné qu'elle est «inadmissible». «C'est une tentative de politiciens nostalgiques d'une époque révolue qui veulent perturber la poursuite du rapprochement entre les deux peuples et les deux pays», a-t-il indiqué.