Le Yémen est une véritable poudrière Le conflit a fait quelque 10.000 morts, en majorité des civils, et plus de 56.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais le bilan réel des victimes est certainement supérieur. Le mouvement Anssar Allah dit Houthis, au Yémen, a annoncé hier la libération de deux fils de l'ancien président Ali Abdallah Saleh qui étaient détenus depuis l'assassinat de leur père en décembre dernier.Salah et Madyan ont été relâchés à la suite d'une mesure de grâce de Mehdi Machat, «chef du Conseil politique suprême» des Houthis, a rapporté l'agence Saba des Houthis, lesquels contrôlent la capitale Sanaa et une bonne partie du nord et de l'ouest du Yémen. Cette agence n'a pas précisé la raison qui a motivé cette mesure. Des sources politiques ont toutefois indiqué que les libérations sont le résultat d'une médiation du sultanat d'Oman, qui garde des liens avec tous les protagonistes du conflit yéménite. Les deux fils de l'ancien président ont été libérés contre la promesse de ne pas mener d'activités politiques, ont ajouté ces mêmes sources. Ils ont été emmenés à l'aéroport de Sanaa et devraient quitter le pays à destination d'Amman à bord d'un avion affrété par les Nations unies, selon une source aéroportuaire. Le fils aîné de l'ancien président, Ahmed, vit lui à Abou Dhabi, où il avait occupé avant la guerre le poste d'ambassadeur du Yémen aux Emirats arabes unis. Les Houthis continuent par ailleurs de détenir des proches d'Ali Abdallah Saleh, dont un de ses neveux. Autrefois allié des Houthis soutenus par l'Iran, l'ex-chef d'Etat Ali Abdallah Saleh avait été qualifié de «traitre» et tué par ces rebelles après avoir donné des signes d'ouverture en direction de l'Arabie saoudite, qui mène une coalition militaire soutenant le gouvernement internationalement reconnu. La guerre au Yémen a éclaté quand les Houthis, issus de la minorité zaïdite, ont pris les armes pour s'opposer au gouvernement en septembre 2014. Ils se sont progressivement emparés de vastes régions du pays, provoquant en mars 2015 l'intervention de la coalition sous commandement saoudien. Le conflit a fait quelque 10.000 morts, en majorité des civils, et plus de 56.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais le bilan réel des victimes est certainement très supérieur, selon des responsables humanitaires. C'est dans ce contexte que le Conseil de transition du sud du Yémen (STC) a appelé hier la population de cette région à se soulever contre le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi sur fond de contestation sociale contre la hausse des prix. Cette instance, favorable à l'indépendance du sud du Yémen qui était un Etat à part avant 1990, a estimé que «l'ensemble du sud peut être considéré comme une zone sinistrée en raison des politiques suivies par la soi-disant légalité», représentée par le gouvernement de M. Hadi. Après avoir accusé le gouvernement d'incurie et de corruption, le STC a déclaré, dans un communiqué publié après une réunion de ses dirigeants, être favorable à un «soulèvement populaire et pacifique» dans le sud. Le Conseil a appelé les forces de sécurité à empêcher durant ce soulèvement toute «atteinte aux biens publics» en souhaitant que ce mouvement reçoive l'appui de la coalition menée par l'Arabie saoudite qui intervient au Yémen depuis 2015. Un tel appui aiderait à mettre fin à la guerre et à trouver «une solution à la question du sud», a ajouté le STC. L'appel du STC est intervenu alors que des manifestations se poursuivent dans le sud contre la hausse des prix et la chute du riyal yéménite. Le Conseil de transition du sud avait tenté en janvier de prendre par le force le contrôle de la grande ville d'Aden. Les combats avec les troupes fidèles à M. Hadi avaient fait des dizaines de morts et de blessés et le statu quo avait été rétabli à la suite de pressions saoudiennes.