Les militaires fidèles au président Nicolas Maduro se disent déterminés à défendre «l'intégrité territoriale» du Venezuela, face aux milliers d'opposants qui se préparent à converger vers les frontières le but de faire entrer l'aide humanitaire stockée aux portes du pays. A l'appel de Juan Guaido, quelque 700.000 volontaires, selon l'opposition, ont l'intention de se rendre à bord d'autocars, le 23 février, aux postes-frontière pour prendre livraison de l'aide humanitaire envoyée par les Etats-Unis et le Brésil. On ignore toutefois comment ils espèrent déjouer le blocus des militaires. Les présidents colombien Ivan Duque et chilien Sebastian Piñera, parmi les premiers à reconnaître Juan Guaido, ont prévu de se rendre vendredi dans la ville colombienne frontalière de Cucuta pour afficher leur soutien à l'opération. Plusieurs dizaines de tonnes de vivres et de médicaments envoyées par les Etats-Unis sont stockées dans cette ville, près du pont frontalier de Tienditas barré par les autorités vénézuéliennes. «Les présidents à la botte des yankees comme ceux de Colombie et du Chili, qui encouragent la provocation et la violence contre le Venezuela, sont en train d'appeler à prendre d'assaut la frontière du Venezuela samedi prochain», a réagi M. Maduro. Qualifiant M. Guaido de «clown qui dit être président par intérim», il l'a mis au défi de «convoquer des élections» pour «renverser la situation avec le vote du peuple». Les militaires ont réaffirmé mardi leur «loyauté sans faille» envers Nicolas Maduro. Ils rejettent obstinément les appels à désavouer le dirigeant socialiste, lancés par Juan Guaido et le président américain Donald Trump. Ils ont également annoncé la fermeture de la frontière maritime avec les îles néerlandaises d'Aruba, Bonaire et Curaçao, situées au large du Venezuela. Un avion en provenance de Miami chargé d'aide humanitaire est attendu à Curaçao. Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, entouré du haut-commandement militaire, a assuré que l'armée ne céderait pas au «chantage». Il a qualifié de «tissu de mensonges» la présentation par Donald Trump et Juan Guaido de «cette prétendue aide humanitaire» comme un sujet de confrontation entre civils et militaires vénézuéliens. «L'armée restera déployée et en alerte le long des frontières (...) pour empêcher toute violation de l'intégrité du territoire», a averti le ministre. Juan Guaido a envoyé mardi un message sur Twitter à chacun des chefs militaires des régions frontalières: «Le 23 février, vous devez choisir entre servir Maduro et servir la Patrie», leur a-t-il écrit. Il a également demandé à ses partisans d'écrire à chaque soldat «en argumentant, sans violence, sans insulte» pour expliquer les «raisons pour lesquelles ils doivent se ranger derrière les millions (de Vénézuéliens) qui demandent l'entrée de l'aide». Jusqu'à présent, seuls quelques responsables militaires se sont ralliés à Guaido, des officiers subalternes ou n'exerçant aucun commandement. Nicolas Maduro a annoncé l'acheminement hier de 300 tonnes de médicaments achetés à la Russie, alliée de Caracas, en plus des 933 tonnes achetées récemment à la Chine, la Russie et Cuba.