Le retour de l'opposant représente un défi pour le président socialiste Nicolas Maduro, qui doit décider s'il l'arrête au risque de provoquer une forte réaction internationale, ou s'il le laisse rentrer sans encombre et braver son autorité. L'opposant vénézuélien Juan Guaido, qui a annoncé son retour à Caracas hier, après une tournée en Amérique du Sud, a appelé ses partisans à manifester et mis en garde le régime vénézuélien contre la tentation de «l'enlever» à son arrivée. «Essayer de m'enlever serait sans aucun doute une des dernières erreurs qu'il commettrait», a lancé M. Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, dans une adresse à ses partisans, via les réseaux sociaux, dimanche soir. L'opposant de 35 ans, qui a bravé une interdiction de sortie du territoire pour une mini-tournée dans la Colombie voisine, au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Equateur, s'est exprimé devant un drapeau vénézuélien. Il n'a pas précisé où il se trouvait. Plus tôt dans la journée, le chef de l'opposition avait annoncé sur Twitter son retour hier à Caracas et appelé la population à manifester «dans tout le pays. Dimanche à la mi-journée il était toujours en Equateur, alors que son agenda officiel avait annoncé son départ dans la matinée. Très peu de liaisons desservent désormais Caracas et les détails de son voyage ne sont pas connus. Il s'était rendu clandestinement en Colombie il y a une dizaine de jours en traversant la frontière terrestre grâce à l'aide, a-t-il affirmé, de militaires complices. Le retour de l'opposant représente un défi pour le président Nicolas Maduro, qui doit décider s'il l'arrête ou s'il le laisse rentrer sans encombre. Le Venezuela traverse depuis une quarantaine de jours une série de turbulences politiques, en plus d'une violente crise économique et d'une hyperinflation, provoquant des pénuries de produits de base et de médicaments. M. Guaido s'est rendu en Colombie avec son épouse pour soutenir le passage d'une aide humanitaire - finalement bloquuée - avant d'entreprendre une tournée où il a été reçuu en chef d'Etat par des pays membres du Groupe de Lima. Nicolas Maduro a répété, cette semaine, qu'en tant qu'ex- chef du Parlement, Guaido se devait de «respecter la loi» et que, s'il rentrait au pays, il devrait «rendre des comptes à la justice». M. Guaido fait l'objet d'une enquête de la Cour suprême pour «usurpation» de pouvoir. Il est, à ce titre, interdit de sortie du territoire et a vu ses avoirs gelés, même s'il n'a pas, jusqu'à présent, été formellement mis en accusation. Les Etats-Unis et les 13 pays du Groupe de Lima, qui soutiennent pour la plupart M. Guaido, ont exprimé leurs préoccupations concernant la sécurité de l'opposant. Dimanche, l'Union européenne a, de nouveau, mis en garde sur Twitter contre toute intervention sur la personne de l'opposant: «Toute atteinte à la liberté, la sécurité ou l'intégrité personnelle de Guaido constituerait une escalade des tensions et serait fortement condamnée.» Le gouvernement américain, qui agite une intervention militaire dans le pays, a aussi prévenu que, s'il arrivait quelque chose à M. Guaido, «il y aurait des conséquences». Ex-président du Parlement, déchu par la Cour suprême, Juan Guaido s'est proclamé «président par intérim», le 23 janvier. Depuis, il a convoqué plusieurs manifestations de soutien qui ont fait une quarantaine de morts et des centaines de blessés, selon les ONG. Dimanche, un troisième Vénézuélien est décédé à l'hôpital de Boa Vista, au Brésil, près de la frontière avec le Venezuela, selon les autorités locales brésiliennes. Il aurait été blessé lors de violences provoquées par le blocus de l'aide humanitaire américaine.