L'Algérie est à la croisée des chemins L'agenda mis en oeuvre, à savoir l'élection présidentielle du 4 juillet, ne fait pas l'unanimité au sein de la société, le rejet d'aller vers ladite élection est manifeste de la part de pans entiers de la société algérienne. La situation politique née du processus du 22 février, c'est-à-dire, depuis deux mois et demi, ne cesse de sécréter des contradictions qui sont d'une ambivalence qui renseigne sur la délicate situation et les difficultés, quant à l'émergence d'une issue politique négociée et abordée par l'ensemble des composantes qui constituent la trame de fond de l'action politique dans la société en général. Depuis la démission de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika et la série des arrestations qui a ciblé les hommes d'affaires proches du cercle présidentiel, y compris la dernière opération qui a consisté en l'arrestation de Saïd Bouteflika le général Mohamed Mediene et le général Bachir Tartag, le changement n'a pas été enclenché, la crise persiste, les enjeux se font sentir avec acuité. Pour la majorité du peuple et de sa classe politique, surtout celle incarnée par l'opposition, la démarche est celle qui met de l'avant la solution politique, dont la période de transition constitue le noeud gordien de toute esquisse d'un changement politique, à la hauteur de l'enjeu et des attentes de la majorité des Algériens qui exprime cette détermination via les marches massives de chaque vendredi pour exiger le changement radical et la rupture avec le système et ses symboles. Quant aux tenants du statu quo, ils font tout pour imbiber le processus politique en cours dans le sillage d'un changement qui ressemble à un «replâtrage» en bonne et due forme. La crise politique commence à prendre un caractère chronique et drastique, dans la mesure où les solutions n'arrivent pas à émerger et voir le jour à cause des antagonismes qui caractérisent la dynamique politique et ses contradictions. Les symboles du système persistent, bien que le peuple exige le départ des deux «B», mais le pouvoir effectif ne veut pas entendre de cette oreille l'issue idoine qui vise la majorité du peuple à aller vers une nouvelle ère faite de transition démocratique, sans pour autant maintenir les équilibres hérités par l'ancien système et sa Constitution qui attribuent des pouvoirs et des prérogatives régaliens au président de la République. L'agenda mis en oeuvre, à savoir l'élection présidentielle du 4 juillet ne fait pas l'unanimité au sein de la société, le rejet d'aller vers la-dite élection est manifeste de la part de pans entiers de la société. Alors que le président par intérim Abdelkader Bensalah insiste sur l'idée de résoudre la crise politique à laquelle fait face le pays par le seul recours à l'élection présidentielle et la solution constitutionnelle. Cette solution que même le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Gaïd Salah qui, lui aussi n'a pas hésité à rappeler dans chaque sortie médiatique que la solution réside dans les dispositions de la Constitution via l'article 102 et aussi le maintien du processus électoral pour élire un président de la République. Mais la donne a changé, le processus enclenché exige le changement de tout un système et revoir le fonctionnement des institutions en recourant, y compris à la rédaction d'une autre Constitution qui s'arrime avec les nouvelles exigences imposées par l'élan populaire et sa détermination d'asseoir les jalons d'un changement profond.L'enjeu se situe à ce niveau de la démarcation, c'est de répondre d'une façon conséquente et responsable aux aspirations du peuple ou de maintenir le statu quo, mais là les conséquences pourraient être néfastes et désastreuses. La solution consistant à entamer un dialogue politique conséquent avec toutes les variantes représentant le peuple est plus qu'urgente, si on veut éviter au pays une crise institutionnelle. Le choix ne se présente plus, la question d'une transition négociée est devenue une nécessité, voire une urgence qui s'impose d'elle-même. L'Algérie est à la croisée des chemins, seule une négociation entre l'institution militaire qui est en mesure de trouver des mécanismes pour sortir de la crise et entamer un processus du changement politique à la hauteur des attentes et les aspirations du peuple vers la liberté, la démocratie et le justice sociale.