L'émissaire de l'Union africaine (UA) pour le Soudan, Mohamed El Hacene Lebatt, a ainsi déclaré, hier, à Khartoum qu'un rapport d'étape sur la transition serait soumis, au plus tard dans deux semaines, à l'examen du Conseil de paix et de sécurité. Le Hirak soudanais attend avec une impatience manifeste le résultat des âpres négociations entre la délégation de l'Alliance pour la liberté et le changement, fer de lance de la contestation, et les chefs de l'armée pour la mise en place de deux conseils de transition, dirigés l'un par des civils et l'autre par des généraux qui gardent la haute main sur les affaires de sécurité du pays. Apparemment, les pourparlers entre les médiateurs s'avèrent difficiles, tout comme l'a été la négociation concernant une instance unique tant les divergences entre les uns et les autres sont grandes. Toujours est-il que des milliers de Soudanais campent fermement devant le Quartier général de l'armée, à Khartoum, déterminés à arracher le maximum d'avancées malgré un brusque regain de rigueur des chefs de l'armée, soutenus par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ainsi que par l'Egypte dont le rôle a toujours été influent dans ce pays, considéré par le Caire comme une sorte d'arrière-cour. En effet, Riyadh et Abu Dhabi craignent qu'en cas de changement de régime, les Soudanais ne remettent en cause, plus ou moins brutalement, la présence de leurs soldats au sein de la coalition engagée au Yémen et pour laquelle ils ont payé un lourd tribut. C'est dans un tel contexte qu'intervenait, hier, la démarche de l'Union africaine, où l'on suit attentivement l'évolution des choses. L'émissaire de l'Union africaine (UA) pour le Soudan, Mohamed El Hacene Lebatt, a ainsi déclaré, hier, à Khartoum qu'un rapport d'étape sur la transition serait soumis, au plus tard dans deux semaines, à l'examen du Conseil de paix et de sécurité.»Le cas du Soudan, en dépit de sa spécificité, sera jaugé à l'aune des principes et des textes de l'Union africaine», a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse, non sans rappeler la position de principe déjà exprimée par l'organisation panafricaine qui avait donné un délai très court au Conseil militaire de transition pour «transmettre le pouvoir aux civils», faute de quoi des sanctions seraient prises à l'encontre de Khartoum. Sanctions qui peuvent aller jusqu'à la suspension du Soudan de sa qualité de membre de l'UA. Pourtant, début mai, l'UA a changé de ton et accordé un nouveau délai de 60 jours aux militaires soudanais pour un «transfert rapide du pouvoir aux civils», très probablement après une intervention de l'Egypte dont le chef d'Etat Abdelfettah al Sissi exerce actuellement la présidence de l'organisation panafricaine. Reste que le Conseil de paix et de sécurité de l'UA devrait, dans deux semaines au plus tard, transmettre son rapport à la présidence de la Commission de l'organisation sur l'évolution de la situation au Soudan. Des échéances dont on peut estimer qu'elles vont jouer un rôle déterminant dans la démarche des militaires soudanais qui savent qu'une solution acceptable doit être trouvée aussi rapidement que possible car, ainsi que le dit et rappelle l'Union africaine dans ses multiples avertissements, «il n'y a pas d'autre voie que de parvenir à un accord et de l'appliquer».