Les civils paient le prix fort Mohammed Ali al-Houthi a expliqué sur Twitter que le «retrait unilatéral»des rebelles survenait en raison du «refus» de la coalition progouvernementale, soutenue par Riyadh, d'appliquer l'accord conclu en Suède. L'ONU a déclaré prudemment, hier, avoir commencé à observer un retrait unilatéral des rebelles Houthis de trois ports de l'ouest du Yémen, au centre d'un bras de fer depuis 2018 avec la coalition progouvernementale. Un chef rebelle, Mohammed Ali al-Houthi, a confirmé dans un tweet l'intention des insurgés de se désengager à partir de samedi des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, sur la mer Rouge. Un témoin a déclaré avoir vu un convoi de véhicules de l'ONU entrer et sortir de Salif, tandis que des sources proches des Houthis ont affirmé que des rebelles avaient commencé à se retirer des trois ports. Il reste cependant difficile d'évaluer la réalité et l'ampleur du désengagement. «L'ONU espère être bientôt en mesure de faire un rapport au Conseil de sécurité sur les mouvements réels sur le terrain», a dit prudemment une source onusienne. Ce redéploiement avait été agréé lors de pourparlers tenus en décembre sous l'égide de l'ONU en Suède. S'il était effectivement mis en oeuvre, l'accord de désengagement dans la région de Hodeïda constituerait la meilleure chance à ce jour de faire progresser la paix au Yémen où un conflit meurtrier se poursuit depuis plus de quatre ans, estiment des experts. L'ONU avait annoncé vendredi que les rebelles allaient se retirer des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, sur la mer Rouge, entre samedi et mardi, dans le cadre de l'accord arraché en Suède. Annoncé à plusieurs reprises par l'ONU, notamment en février et en avril, le désengagement effectif des belligérants tardait à être mis en oeuvre. Mohammed Ali al-Houthi a expliqué sur Twitter que le «retrait unilatéral»des rebelles survenait en raison du «refus» de la coalition progouvernementale soutenue par Riyadh d'appliquer l'accord conclu en Suède. Il a notamment mis en cause l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qualifiés de «pays de l'agression». Le redéploiement doit être supervisé par une mission d'observation de l'ONU dirigé par le général danois à la retraite Michael Lollesgaard qui a salué prudemment vendredi «l'offre et l'intention» des Houthis de se désengager des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa. Le gouvernement yéménite a salué ce retrait, tout en exprimant des doutes sur sa mise en oeuvre effective.»Nous saluons toute mesure en vue de la mise en oeuvre de l'accord de Suède sur le redéploiement dans des ports de la province de Hodeïda, tout en mettant en garde contre les tentatives de la milice (des Houthis) de tromper la communauté internationale», a déclaré sur Twitter le ministre yéménite de l'Information Mouammar al-Iryani. Selon lui, l'accord prévoit d'abord le retrait des Houthis de Salif et Ras Issa et la remise à l'ONU de cartes précisant où des mines ont été posées en vue de leur désactivation. Devraient suivre le retrait des Houthis du principal port de Hodeïda et le retrait des forces progouvernementales d'une zone appelée Kilo 8, ainsi que la remise de cartes pour retirer les mines, a-t-il ajouté. M. Iryani a déclaré que tout redéploiement unilatéral rebelle sans contrôle et vérification conjointe de sa mise en oeuvre serait une «esquive et ne peut être accepté». Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux-tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU. Une mission du Programme alimentaire mondial (PAM) a eu accès le 5 mai à des entrepôts de blé près de la ville portuaire de Hodeïda, mais l'organisation onusienne y a signalé des tirs le 9 mai qui n'ont pas fait de victimes. Dans la ville de Hodeïda, des habitants n'ont pas caché leur scepticisme sur l'annonce du retrait des ports.