L'Algérie, importateur de viande rouge, pourra en devenir l' exportateur. L'Union générale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa) crie à l'anarchie qui règne dans le marché du cheptel. «Si l'Etat régularise ce marché on pourra devenir dans les cinq prochaines années un pays exportateur », a déclaré le président de l'Ugcaa lors d'une conférence qu'il a animée hier au niveau du siège. «Le marché du cheptel est un marché porteur évalué à des dizaines de milliards de dinars. Rien que pour les 80 gros marchés de cheptel, affirme Boulenouar, l'Etat encaisse 200 milliards de centimes sans pour autant compter les 800 marchés locaux». L'union interpelle les pouvoirs publics pour mettre fin à l'anarchie et au marché informel qui menacent le secteur de l'élevage. Une commission regroupant les éleveurs, les commerçants, travaille actuellement sur un dossier qui sera remis au ministère de l'Agriculture. «Si l'Etat prend en charge les problèmes des éleveurs, on aura plus besoin d'importer de la viande», a affirmé le conférencier. A la veille de l'Aïd, l'union a voulu tirer la sonnette d'alarme pour sensibiliser les pouvoirs publics sur la situation du marché des moutons. L'union s'est également exprimée sur les prix vertigineux du mouton. La hausse des prix du mouton est due à la spéculation. Le directeur du service vétérinaire au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, M.Rachid Bougdoul a estimé que «le prix du mouton aurait pu être moins cher s'il y avait un marché régulier». Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III, le directeur s'est largement expliqué sur la tension que connaît actuellement les prix du cheptel à la veille de la fête de l'Aïd El Adha. Pourtant, le département de Saïd Barkat avait bien assuré, il y a de cela un mois, que le mouton cette année, sera à la portée des moyennes bourses. Même si les prix ont connu une légère décroissance par rapport à l'année précédente, il n'en demeure pas moins que la fourchette est un peu coûteuse. Cette situation, précise le directeur, est due à la spéculation et la vente anarchique du mouton. Puisque, explique-t-il, le cheptel compte 19 millions de têtes, soit une augmentation de 1,5 million par rapport à 2004. Cette augmentation devrait, affirme M.Bougdoul, normalement baisser davantage les prix du mouton. «Tant qu'il n' y a pas un marché régulateur pour le mouton comme pour les fruits et légumes, les prix seront toujours maniés par la spéculation loin de la règle de l'offre et de la demande», soutient le directeur. Ce dernier rejoint l'avis de l'Ugcaa et réclame la régularisation du marché. L'organisation du marché relève d'autres départements et des autorités locales. Pour lui, ce n'est pas le cadre réglementaire qui fait défaut mais plutôt l'application des textes sur le terrain. Malgré la persistance du marché informel, le directeur reconnaît que les APC commencent à jouer le jeu en renforçant le contrôle. Par ailleurs, le directeur a tenu à rassurer les citoyens sur la santé du cheptel. «La santé du cheptel est excellente cette année et aucune pathologie n'a été enregistrée», précisera-t-il. Afin d'écarter une éventuelle pathologie, le département de Barkat a lancé cette année une vaste campagne de vaccination du cheptel. Donc, les citoyens n'ont aucun souci à se faire sur la santé du cheptel et pourront accomplir le sacrifice de l'Aïd en paix. La prévention est l'affaire de tous pour le directeur qui ajoute que le citoyen doit également être vigilant. Ce dernier est censé boycotter le marché informel. L'abattage cette année pour la fête de l'Aïd avoisine les 3 millions de têtes. Cela veut dire qu'une grande partie des familles algériennes va pouvoir accomplir le sacrifice de l'Aïd.