Cela fait deux semaines maintenant que les élèves ont rejoint leurs classes. Une rentrée scolaire marquée par des tensions d'ordre politique, social et économique perceptibles. Le contexte spécial qui a marqué cette reprise a d'ailleurs suscité des appréhensions de part et d'autre, venant de différentes franges de la société. Mais voilà, les craintes liées à la tenue d'une éventuelle grève qui perturberait le début des cours ont été très vite atténuées. Les élèves ainsi que leurs enseignants ont regagné comme prévu leurs établissements et entamé le programme de la nouvelle année normalement. Cependant, si aucune dérive visible n'est intervenue, est-ce qu'on peut pour autant parler d'une rentrée «réussie», comme le laissent entendre certaines parties ? Interrogés sur ce point précis, certains syndicalistes «sceptiques» relevant du secteur ont mis en évidence les problèmes internes que connaissent les établissements du pays, les mêmes que ceux des années précédentes. Pour le secrétaire général du Satef Boualem Amoura, il est presque « ironique» de dire que tout va bien. Joint par nos soins hier, ce dernier a expliqué que ce calme apparent n'est qu'une «façade» qui cache bien des «défaillances». étayant ses dires, Boualem Amoura a avancé une absence d'encadrement dans les écoles, citant les directeurs, les intendants, les adjoints de l'éducation, etc. Il a également fait savoir que «les sortants de l'ENS n'ont à ce jour pas été affectés à leurs postes dans certains établissements» comme annoncé par la tutelle. Il a dans ce sens, dénoncé le manque d'entretien constaté dans nombre d'écoles qui se retrouvent «dépourvues de toute commodité». à propos de la prime de scolarité, le SG du Satef a affirmé qu'en ce qui concerne l'octroi de la prime de scolarité, dont le montant s'élève à 5 000 DA et qui devait être remise aux parents au mois d'août dernier « n'a toujours pas été perçue », a-t-il ajouté. Abondant dans le sens de son homologue du Satef, Méziane Mériane, du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a fait à son tour, ressortir les manquements qui ont accompagné la gestion de la rentrée. Selon lui, on ne peut parler d'une rentrée réussie tant que le corps éducatif fait face aux mêmes problèmes. Notre interlocuteur a ainsi développé ce volet en soulignant que si l'on se fie aux données constatées sur le terrain et qu'on fait le rapport avec les objectifs fixés pour remettre l'école algérienne sur les rails, il est évident que «le chemin est encore long », a-t-il signifié. «La réussite ou pas» de la rentrée scolaire dépend ainsi de cet aspect qui reste à développer, ajoute-t-il, expliquant à titre d'exemple que la surcharge des classes existe toujours. Il a encore signalé que dans certains établissements, «les élèves des classes préparatoires ont trouvé leurs classes vides, sans chaises, sans rien». Méziane Mériane a dans ce sillage, expliqué que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de grève que la rentrée est en elle-même «réussie». Et pour cause, «en tant que syndicalistes, nous n'avons jamais eu l'intention de perturber la rentrée des classes de nos élèves». à propos de la prime de scolarité en faveur des démunis, ce dernier considère que la problématique va au delà du montant de cette prime, dans la mesure où le pouvoir d'achat des citoyens reste en constante érosion. Autant de données qu'il faut prendre en compte pour statuer sur la «réussite» de cette année scolaire, a résumé le président du Snapest. Rappelons que du côté du ministère de l'Education, des mesures inédites ont été prises dans le secteur. «Les résultats positifs déboucheront sur le moyen terme», avait affirmé le ministre de l'éducation nationale, Abdelhakim Belabed. Tout en admettant que du travail reste à faire pour arriver à atteindre l'objectif fixé, ce dernier a assuré que «la situation est appelée à s'améliorer».