Le phénomène de trafic illicite des biens culturels est une donnée réelle et grave à laquelle est confrontée l'Algérie. Les derniers vols qui ont ciblé deux importants musées de Annaba et de Guelma ne font que confirmer cette triste réalité. Malgré une amélioration, depuis, dans la gestion du musée de Hippone et des sites archéologiques de la wilaya tels que les ruines romaines ainsi que celles de Guelma, beaucoup de choses restent à faire. Le souci majeur est la préservation du patrimoine archéologique. Des pièces de musée d'une valeur inestimable se trouvent hors de nos frontières comme c'est le cas de la disparition de plusieurs fresques du Hoggar. Le phénomène est tel qu'avec l'émergence de nouveaux pays riches voulant atteindre le niveau «artistique et archéologie» de leurs aînés, ils n'hésitent pas à utiliser tous les subterfuges pour garnir leurs musées. Ils se tournent vers les pays pauvres soudoyant les employés des musées et des sites archéologiques pour accaparer les pièces archéologiques de valeur qu'ils revendront sur le marché de l'art. Le phénomène va en s'amplifiant jusqu'à atteindre des degrés inimaginables comme le blanchiment de l'argent de la drogue dans le marché de l'art par l'achat de pièces de valeur, tableaux, pièces archéologiques, etc. Le constat est amer vu le degré de corruption qui existe. Les sites archéologiques du Sud algérien en font les frais jusqu'à nos jours. Les prix vertigineux qu'atteignent les biens culturels, la perméabilité des frontières algériennes, l'insuffisance des traités bilatéraux régionaux et la diversité des législations nationales, tout cela encourage davantage le vol et le pillage des biens culturels. La portée historique de tous ces biens n'est pas ignorée de la majorité des Algériens notamment le personnel du secteur. Beaucoup de paramètres abondent en ce sens. Les responsables doivent se pencher sur cet état de fait. Le personnel en fonction sur ces sites doit-être choisi et remplir certains critères, entre autres mesurer l'importance des oeuvres qu'il est chargé de surveiller. Pour parer à tout cela et limiter l'hémorragie malgré les efforts fournis par une «timide» brigade créée dernièrement et qui active au niveau d'Alger-Centre seulement, il est nécessaire que notre pays se fasse aider dans cette tâche immense. Devant l'évolution inquiétante du trafic illicite des biens culturels, les protections régionales et nationales demeurent insuffisantes. Seule une solidarité internationale peut ralentir ce phénomène. Après l'échec de la convention de l'Unesco sur la protection des biens culturels, l'Institut international Unidroit a mis en place des principes de solidarité en prenant en considération les intérêts des pays exportateurs et importateurs. Une épineuse question se pose: pourquoi l'Algérie n'adhère-t-elle pas à la convention Unidroit? On a toujours en mémoire les fresques «artistiques» d'un ancien chef d'Etat au musée Zabana à Oran, qui s'est permis d'offrir l'arme de guerre historique de l'Emir Abdelkader à son hôte de marque.