«Il y a nécessité d'institutionnaliser un système de formation continue des praticiens, des gestionnaires d'établissements hospitaliers, d'asseoir les jalons d'une recherche scientifique médicale, ‘'qui n'a jamais existé‘'. Il y a aussi nécessité de s'émanciper de ‘'cette dépendance quasi totale‘', vis-à-vis de l'étranger, en matière de médicaments, de vaccins et d'équipements.» C'est ce qu'a affirmé, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3, le président du Conseil national des praticiens de la santé publique (Snpsp), Lyès Merabet, qui n'a pas manqué l'occasion pour critiquer la gestion de la crise sanitaire, que traverse le pays depuis février dernier. L'intervenant, qui «ne mâche pas ses mots» déclare que «la situation d'urgence créée par la pandémie de Covid-19, a contribué à «lever le voile», pour démontrer que le Système national de santé est complètement dépassé dans son organisation. Pour lui donc, l'état de notre système de santé est «préoccupant.» Il revient dans ce sillage, sur les conditions pénibles dans lesquelles travaille le personnel de la santé qui est au bord de l'épuisement. Mais le président du Snpsp, faut-il le noter, partage le même avis que les spécialistes qui estiment que la hausse des cas de contamination au Covid-19 demeure le fruit de l'indiscipline des citoyens. Il souligne à ce propos que certains citoyens «sous-estiment la gravité du virus et ne respectent pas les mesures préventives pourtant basiques qui sont le respect de la distance sociale, le port du masque de protection et le lavage fréquents des mains». Pour rappel, le docteur Merabet avait préconisé comme solution de durcir les sanctions des contrevenants avec une application stricte des lois promulguées dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Pour le docteur Merabet qui, «visiblement, préfère mettre chaque chose à sa place», lorsque des malades se retrouvent à l'hôpital, l'«aboutissement d'un parcours de santé», c'est, dit-il, parce que «nous avons échoué, en amont, au niveau préventif», à éviter qu'il y ait trop de personnes à recevoir dans les structures de soins. Pour améliorer le système de santé, celui-ci souligne la nécessité d'institutionnaliser un système de formation continue des praticiens, mais aussi, celle des gestionnaires d'établissements hospitaliers, d'asseoir les jalons d'une recherche scientifique médicale, «qui n'a jamais existé», mais surtout, souligne-t-il, de s'émanciper de «cette dépendance quasi totale», vis-à-vis de l'étranger, en matière de médicaments, de vaccins et d'équipements. Commentant, par ailleurs, les mesures arrêtées par le gouvernement, visant à stopper le phénomène des violences à l'encontre du personnel de santé, le docteur Merabet rappelle que le Snpsp a commencé à tirer la sonnette d'alarme. «Après avoir réitéré le soutien, la solidarité active du Conseil qu'il dirige avec les agressés, il a rappelé que le Conseil qu'il préside «a commencé à poser ce problème, depuis l'année 2012 déjà.» Il considère, par ailleurs, que l'insécurité n'existe pas seulement dans les établissements de santé, cela avant d'appeler les autorités concernées à assumer leur rôle dans la protection des biens et des personnes. La solution de ce «phénomène sociétal», que l'on observe aussi, déclare-t-il, dans la rue, les stades, et jusqu'à l'intérieur des écoles, demande à être pris en charge en s'intéressant de plus près aux conditions d'accueil des malades, mais également, aux relations devant s'établir entre les secteurs public et privé, pour faciliter l'accès aux soins et «alléger la pression au niveau des structures publiques de santé».