«Nous sommes passés du traitement de 8 conteneurs par heure à 20.» Le port de Béjaïa a enregistré en 2005, une véritable croissance de son activité, avec plusieurs records à son actif appuyés par un développement de ses infrastructures; l'augmentation actuelle du trafic et les prévisions du commerce international le mettant dans l'obligation de disposer de nouveaux espaces portuaires modernes. A ce titre, il y a lieu de rappeler la réalisation d'un terminal à conteneurs et d'un autre à bois durant l'année 2005. En matière d'optimisation de l'exploitation, le port de Béjaïa a réalisé des travaux de dragage des bassins et des chenaux, permettant le traitement des navires de gros tonnage. En matière d'activités portuaires, le trafic du port de Béjaïa a connu en 2005 une croissance de trafic global de 9% pour atteindre 14 millions de tonnes, hydrocarbures compris. Les marchandises générales ont enregistré 4,7 millions de tonnes, soit un taux de croissance de 20%. Les vracs solides ont dépassé les 2,2 millions de tonnes. Le conteneur a atteint les 61.660 EVP. Afin de connaître le secret de cette réussite qui met le port de Béjaïa en 2e position après celui d'Alger, nous nous sommes rapprochés de M.Moussaoui Rabah, directeur général adjoint, qui a bien voulu nous entretenir sur tous les aspects liés à la croissance et à bien d'autres sujets. L'Expression: Quelle est la situation actuelle du port de Béjaïa? M.Moussaoui Rabah: Le port de Béjaïa se porte bien depuis une dizaine d'années. Le taux de croissance est très positif. Le port accapare 18,5% des parts du marché national en marchandises générales. Il occupe la 2e place après celui d'Alger. En termes de structures (espace), il arrive à la 5e place. En 2004, la marchandise générale à l'import a atteint les 4295.000 tonnes, soit une augmentation de 21%. A partir de l'année 1995, nous avons connu un taux de croissance régulier de 10%. A quoi est due, M.Moussaoui, cette performance? Cette performance est due à plusieurs facteurs dont l'organisation, l'investissement et le marketing. L'organisation améliore la productivité et par conséquent attire la clientèle. Les certifications aux normes universelles ISO 9001 depuis l'année 2000, ensuite en 2004 à la norme ISO 9001 version 2000, enfin, durant la même année à la norme ISO 14.000, autant d'éléments qui ont largement contribué à ce succès. Ajoutez à cela la productivité des travailleurs dont la conscience professionnelle est d'un haut degré et l'écoute du client, cela a permis de prendre certaines mesures nécessaires pour satisfaire la demande. Le plan d'investissement de plus de 5 milliards de dinars, uniquement pour l'année 2005, y est pour beaucoup. Nous avons acquis: - 2 remorqueurs, l'un de 4000 CV et l'autre de 3200 CV. - 2 canots d'amarrage - 3 grues de 64 tonnes de capacité chacune - 3 suceuses à céréales de 250 tonnes de l'heure - 1 lot de 14 chariots élévateurs de 3 à 10 tonnes. Le savoir-faire y est aussi pour beaucoup? Les méthodes des années 1960 n'ont plus droit de cité ici. Elles sont remplacées par un équipement performant nécessitant des moyens humains autrement plus qualifiés. Des techniciens supérieurs sont actuellement en formation pour le pilotage de ces nouveaux engins de technologie sophistiquée. Qu'en est-il du partenariat avec les Singapouriens? Le transport le plus prisé de nos jours reste le conteneur. Notre pays est en retard en la matière. Il a commencé à le faire en 2000. Certains armateurs ont commencé à tester le marché algérien, mais les moyens n'existaient pas. Le coût du fret est devenu exorbitant. Au port de Béjaïa, nous avons réfléchi non seulement à la structure mais également aux moyens. Un partenariat a été mis en place avec une société singapourienne pour la réalisation et l'exploitation d'un terminal à conteneurs, équipé de moyens d'exploitation, pour certains, réhabilités, mais soumis à la procédure d'usage, nationale en la matière. Pour son adoption, le projet a respecté l'ensemble des étapes nécessaires à sa maturation.( CPE, Andi, etc.). Peut-on connaître l'apport de ce partenariat? Le projet du terminal à conteneurs, dirigé par la société par actions BMT (Béjaïa Méditerranéenne Terminal, par abréviation), issue du partenariat, est venu à la suite d'un déficit de moyens pour le traitement du trafic conteneurs. A Béjaïa, nous y avons remédié avec ce partenariat. Avec cette société, spécialisée dans la gestion de terminaux à conteneurs dans le monde, elle nous a apporté les équipements, la technologie du conteneur et surtout le management au niveau du terminal. Ceci en marge de l'aménagement d'un institut de formation au niveau du port de Béjaïa qui a pour ambition de servir également tous les ports nationaux. Depuis la mise en exploitation du terminal, en termes de productivité, nous sommes passés du traitement de 8 conteneurs par heure à 20 conteneurs par heure. Au port de Béjaïa, les navires de ligne sont accostés dès leur arrivée. Ils sont immédiatement exploités quelle que soit l'heure de mise à quai, de nuit comme de jour, y compris les jours fériés. Cela nous a permis de fidéliser notre clientèle. Qu'en est-il de l'ouverture du capital? L'Algérie importe plus de 20 millions de tonnes de marchandises par an. Le fret coûte cher. L'Algérie paye approximativement 100 millions de surcoût par an. D'où la nécessité de réorganiser les activités portuaires pour les rendre plus performantes et réduire ces surcoûts. La décision de séparation de l'Autorité portuaire de celle des activités commerciales est une nécessité. La loi est votée en 1998 suivie de textes d'application qui existent depuis 1999. Le dossier reste ouvert en attendant sa concrétisation.