L'annonce de la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN) par le président de la République lors de son dernier discours, entame un processus politique en cristallisation. C'est le début d'une nouvelle réalité politique, une réalité dont les tenants et les aboutissants seront déterminés une fois le processus électoral lancé. Mais les indices ne trompent pas plus d'un, les choses sont nettement nuancées, les protagonistes qui seront bien préparés, ce sont eux qui seront en mesure d'aborder cette nouvelle réalité électorale incarnée par les élections législatives anticipées. L'analyse concrète de la scène politique nationale montre que la nouvelle reconfiguration politique en cours, ne sera pas systématiquement identique à celle qui prévalait durant plus de deux décades. Les enjeux sont différents sur ce plan, il s'agit d'une classe politique dont les structures sont en mal de réhabilitation. Hormis la mouvance islamiste dans toutes ses expressions, qui profite de cette situation de passage à vide politique en termes d'exercice basique de la pratique politique. Les mosquées, l'école et autres espaces plaident en la faveur d'une approche obscurantiste et rétrograde d'un choix politique au plan électoral qui mènerai le pays et la société derechef vers la déferlante de l'islamisme et ses succédanés. Il faut savoir que depuis l'émergence de l'élan populaire du 22 février 2019 la scène politique nationale a été chamboulée de fond en comble. Cette situation a frappé de plein fouet la classe politique qui est devenue, de fait, dépassée et obsolète. Le retour à la vie institutionnelle et au processus électoral s'est fait sur la base des décantations secrétées et imposées par la dynamique populaire, et les nouvelles contradictions de la scène politique nationale. De ce fait, les conditions d'une réhabilitation de la classe politique ne pourraient s'exprimer qu'à travers une nouvelle dynamique politique et électorale dont la finalité ne pourrait être que le produit de filtrage électoral. À ce niveau de l'analyse, le processus en cours est la résultante des décantations émanant de la dynamique populaire mais aussi de quelques «résistances» venant de certains partis politiques traditionnels qui essayent tant bien que mal de se maintenir sur l'échiquier politique à l'aune de la transformation profonde que connaît la scène politique nationale. La mouvance démocratique qui n'a pas su trouver des mécanismes idoines pour se faire connaître via un ancrage au sein de la société, risque gros quant à ce nouveau processus, d'ailleurs, sa persistance à rejeter ce nouveau processus qui sera entériné par la mise en route des élections législatives anticipées, émane de sa réalité d'une force sans pouvoir sur la société en termes d'ancrage et de présence populaire. C'est cette situation qui présente la mouvance démocratique comme une «force» sans moyens pour transformer l'échiquier politique en sa faveur et faire valoir son projet de société. Les forces conservatrices quant à elles, le jeu leur sera très délicat et périlleux, même si leurs bases sont aujourd'hui flottantes, de par ce qu'elles viennent de subir comme crise après le tsunami du 22 février 2019, elles restent tout de même aux aguets et elles pourraient glaner un certain potentiel électoral et se resituer sur l'échiquier politique à venir. La dynamique de la société civile sera face à son premier test et sa première expérience politique. Elle aura à s'insérer dans la nouvelle dynamique électorale où son rôle n'est pas des moindres à travers la nouvelle Constitution qui donne une place prépondérante à la société civile au plan de la participation politique à travers des institutions élues. L'équation qui reste sans réponse, c'est bien la nébuleuse islamiste et ses pratiques fondées sur le double langage et la versatilité comme une tactique inséparable de sa démarche stratégique, à savoir l'entrisme et l'implication mordicus dans le processus électoral pour se doter de leviers qui lui permettent d'agir en douceur et d'imposer son empreinte sur la vie politique nationale. Ce qui est sûr, les élections législatives anticipées risquent de produire un monstre vert où la mouvance islamiste rentrera en rang compact dans la perspective de faire doter l'Assemblée populaire nationale d'une trame verte comme annonce d'une déferlante islamiste à l'intérieur des institutions élues de l'Etat.