Réputés pour ne rater aucune des perches que tend le pouvoir, les islamistes ne tiennent point à manquer celle inhérente au projet d'amendement de la loi électorale, dont le processus vient d'être relancé par le chef de l'Etat, après une parenthèse de plusieurs semaines à cause de sa maladie. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Les islamistes de tous bords se délestent progressivement de leurs discours abrupts au profit d'un ton beaucoup plus conciliant, ayant le souci permanent de ne jamais rater aucun interstice que céderait le pouvoir en place. C'est ainsi qu'ils tentent d'accompagner le processus institutionnel engagé depuis une année par le chef de l'Etat, tout en s'efforçant de donner l'impression de n'avoir rien cédé sur l'essentiel. Ils prennent, ainsi, et par doses homéopathiques, leurs distances de leurs pairs de l'opposition et du mouvement populaire, pour s'accrocher à la perche que vient de tendre le pouvoir à travers le projet d'amendement de la loi portant régime électoral. Car, pour le Mouvement de la société pour la paix, le Front pour la justice et le développement, Nahda et autres appendices, il n'est pas question de concéder «plus de sacrifices» au risque de rater les tout prochains rendez-vous électoraux, surtout que ceux-ci ont de fortes chances de se tenir précocement, à se fier au souhait du chef de l'Etat de doter le pays d'instances élues, en rupture totale avec ce qui a prévalu jusqu'ici comme fraude, immixtion de l'argent sale dans l'opération électorale et autres tares. Dans ce cadre, ils multiplient les déclarations en vue de signifier leur disponibilité à s'inscrire dans la démarche du pouvoir, tout en prenant le soin de saupoudrer leurs discours à l'endroit de leurs alliés d'hier et du mouvement populaire. Leur souci, peser de tout leur poids dans le processus d'amendement du projet de loi portant amendement de la loi électorale, dans la perspective d'élections législatives et locales anticipées. À cet effet, ils plaident pour un «dialogue responsable et sérieux concernant la nouvelle loi électorale...». Samedi, le trio islamiste a mis à profit la tenue d'une conférence thématique sous le thème «L'Algérie face aux défis extérieurs», pour solder ses comptes avec le Hirak qui, selon lui, a favorisé «l'émergence des tensions, des adversités, au détriment de la concrétisation de ses vrais objectifs». Abderezzak Makri est allé encore plus loin, en dénonçant une «primauté du populisme au détriment d'une véritable alternative politique mûre et opérationnelle». Un populisme qui a permis l'émergence «d'acteurs parachutés sans ancrage dans la société, sans parcours militant, sur le terrain des luttes démocratiques». Et d'appeler, au bout de ses attaques, à la mise en place de «conditions politiques économiques, culturelles et sociales afin de construire des institutions crédibles, dont le moteur serait une compétition politique saine». Ceci, à travers le lancement d'un «dialogue responsable et sérieux, concernant la nouvelle loi électorale devant offrir des garanties sur la transparence des élections, fixer le calendrier électoral, éloigner l'administration de la gestion des opérations électorales». Il sera également question de «faire de la transparence des élections une condition de développement des partis et un moyen permettant l'émergence d'une classe politique crédible». Le FFS ne veut pas rester en marge Pour sa part, le Front des forces socialistes tente de se replacer dans cette perspective, lui qui vient de tourner douloureusement la page d'une grave crise existentielle. Son premier secrétaire national tente depuis quelques semaines de «vendre» la convention politique nationale que le vieux front de l'opposition propose, une manière subtile de ne pas demeurer en marge d'une recomposition en cours en haut-lieu de la scène politique nationale. «Un nouveau contrat national que nous allons proposer à l'ensemble des acteurs politiques et sociaux, dans l'objectif d'asseoir une vision commune qui pourra garantir au pays d'accéder à la liberté et à la démocratie», et de «préserver l'intégrité territoriale de notre pays et notre Etat national qui fait face à de multiples dangers et à des risques et des périls qui sont réels», affirmait, en effet, samedi, Youssef Aouchiche. Pour lui, cette initiative a pour objectif de «réunir toutes les forces politiques et sociales du pays sans exclusion, pour une solution de sortie de crise, qui soit à la hauteur des ambitions des Algériens et préserver l'unité et la souveraineté de notre Etat national», estimant que la «responsabilité en tant que parti et en tant que classe politique, que militants et activistes dans la société, est celle d'encadrer le Hirak populaire, et lui donner des prolongements, politique et social, indispensables pour traduire les objectifs pour lesquels s'est soulevé ce Hirak». M. K.