Question de souveraineté nationale. Le ministre des Finances Aymen Benabderrahmane a écarté toute éventualité de changement de la monnaie nationale. «Ce n'est pas une option», a affirmé le grand argentier du pays, dans son intervention, hier, sur les ondes de la Radio nationale, coupant ainsi court à la demande de certains députés. «Une monnaie fait partie de la stabilité d'un pays», a indiqué le ministre précisant, à ce propos, que juridiquement, l'option est impossible du fait que l'ordonnance 03-11 sur la monnaie et le crédit stipule dans son article 5 «les billets de banque et les pièces de monnaie métalliques qui feraient l'objet d'une mesure de retrait de la circulation perdent leur pouvoir libératoire s'ils ne sont pas présentés à l'échange dans un délai de dix ans. Leur contre-valeur sera alors acquise au Trésor public». Cette mise au point vient ainsi clore le débat sur l'éventualité de changer de monnaie dans l'optique de résorber la masse monétaire hors circuit bancaire estimée par la Banque d'Algérie à 6 000 milliards de dinars. Et vogue la galère! Sur le plan politique, le ministre a souligné que «la stabilité juridique des marchés financiers et même économiques rend cette option impossible». Pourtant, cette masse hors-circuit a causé au passage un assèchement temporaire des quantités en monnaie fiduciaire, sans avoir un effet direct sur les revenus ou sur les droits des personnes. Tout en reconnaissant que ce problème est stressant pour le citoyen, le ministre a annoncé des «mesures radicales». Selon le membre du gouvernement, ses services ministériels travaillent actuellement à l'élaboration de «tous les mécanismes possibles pour répondre aux besoins de liquidité de trésorerie». Des mécanismes à même de réduire le phénomène de la crise de liquidités et le manque de trésorerie, à l'instar de l'injection de liquidités en espèces, notamment le nouveau billet de 2000 dinars mis en circulation officiellement en Algérie il y a quelques jours. Dans son intervention, le ministre attribue les tensions observées au niveau des bureaux de poste, à «l'étendue du territoire qui impacte un petit peu l'acheminement, à temps, de la liquidité, mais à chaque tension le comité prend en charge le bureau de poste concerné». À ce propos, le ministre a tenu à rassurer la population en affirmant que «d'ici la semaine prochaine, il y aura une grande quantité d'argent qui sera injectée et également à la veille du mois sacré du Ramadhan. Ce qui va nous permettre de mettre fin à ce problème». Gageons que ce ne soit pas un poisson d'avril ou une simple promesse politique. L'ayant qualifié de «conjoncturel», le même responsable avait affirmé que «le problème de liquidités devra être réglé définitivement, début décembre prochain», dans une déclaration à la presse à l'issue de l'adoption par les membres du Conseil de la Nation du projet de loi de finances pour l'exercice 2021. Interpellé sur la dernière décision du président de la République de fermer les comptes commerciaux à Algérie, le ministre estime que «c'est une démarche tout à fait logique et économique qui va impacter positivement la liquidité au niveau des bureaux de poste, qui dispose de plus de 3000 guichets au niveau national». Une liquidité ayant connu un recul important par rapport aux années précédentes, admet le ministre, qui tempère, néanmoins, en affirmant qu' «il y a un léger regain par rapport au mois de décembre 2020». Evoquant le niveau des réserves de change de l'Algérie, le ministre a affirmé qu'il est supérieur à 42 milliards de dollars, sans donner le montant exact.