Dans un opus intitulé «Tirga n laqel» (Réverie de la Raison) et édité en 2010 par Djaffar Ait Menguellat, j'ai relevé un poème ayant un titre assez révélateur de la pensée du poète, en phase avec la situation que l'on vit actuellement où les citoyens dans leur majorité, de même que la classe politique revendiquent plus de démocratie et de liberté d'opinion, de culte, d'entreprendre, etc. Il signale l'embarras d'une jeunesse en mal de devenir et qui ne pense qu'à l'exil du fait du manque de visibilité. Ce produit est très inspiré avec une poésie de grande facture. Le titre de l'album (voir plus haut), le premier poème «Tuzya n la3qel» (Vertiges), le 5ème «di Tmurt-iw» (Dans mon pays), renseignent sur la touche apportée par le poète-père à cette musique bien travaillée par l'interprète-fils. Le 4ème titre de l'opus «Ameyyez/ réflexion» que j'ai choisi pour cet écrit est très évocateur. C'est une invitation-incitation à cogiter, à raisonner sur Le Devenir et tout le processus démocratique en gestation, le comportement des responsables, l'objectivité de la lutte pour la démocratie, le danger des abus, le tout résumé dans les cinq strophes que compte le poème. Le poète tâte le pouls de la société et diagnostique. Il dresse quelques tableaux, par paraboles interposées, sur des situations que l'on vit au quotidien. Le poète zoome sur: 1/ L'engagement objectif de chacun et réfute la neutralité qui ne profite qu'aux plus forts et aux opportunistes de tout bord. La comparaison est ainsi faite entre les objets flottants sur l'eau et ceux qui se sédimentent au fond qu'il juge raisonnable de par leurs densités (physique) mais ne comprend pas ceux qui vont au gré des courants et qui flottent dans les zones intermédiaires, entre les deux pôles. L'auteur dénonce la neutralité qui au fond n'est qu'une forme d'amorphisme qui ne profite qu'aux plus puissants dans le système anachronique. 2/ La revendication de la démocratie, de la liberté et de tous les droits humains tout en attirant l'attention sur l'abus qu'en feraient les autocrates qui naissent de cette opportunité qui leur est offerte ou qu'ils se sont arrogée. Pour l'auteur: L'auteur zoome sur les hommes du pouvoir qui ne se reconnaissent aucune limite et ne sont que d'indignes et véreux personnages qui ne font que pousser les gens à l'exil forcé faute d'alternative interne. 4/ Ceux qui profitent de toutes les situations et ceux qui les subissent. Le poète dénonce cet état et annonce par désespoir de cause que «si ce n'est les parents (sacrés) on s'exilera par dépit et sans retour en arrière: abandonner tout ce qu'il y a de plus cher et partir sans... Le poète termine son texte par la situation très complexe et difficile générée par «un pouvoir autocratique qui ne se refuse rien, alors qu'il n'arrive même pas à gérer les comportements des personnes qui le constituent», que le poète compare à «des adversaires sans loyauté et sans dignité qui se donnent toujours raison» et conclut par: «Si ce n'est cette Terre Ô Patrie bénie où la jeunesse est sacrifiée, on se débinera de devant Toi (la patrie) / vers un autre horizon sans regret et sans un regard en arrière. Avec cette analyse, le poète met le doigt sur les maux qui gangrènent la société. Il se montre désabusé et offusqué par toutes les injustices subies et les comportements immoraux de ceux qui font le pouvoir. Le titre du poème appelle d'ailleurs à des réflexions objectives et profondes quant à l'issue de ce marasme, et là c'est tout le monde qui doit mettre du sien pour apaiser la situation, contribuer à la mise en place d'une démocratie qui assoira une justice qui épanouira tous les citoyens, sans exception aucune.