Dans un communiqué diffusé vendredi soir, le mouvement islamiste tunisien Ennahdha a demandé «la libération immédiate des kidnappés et séquestrés» que sont, selon lui, ses dirigeants Nourredine Bhiri et Fathi Beldi, un cadre du ministère de l'Intérieur. Pour le parti, ces accusés sont détenus sans aucune mesure à caractère judiciaire, malgré les accusations formulées par le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine. Ennahdha qui cite le ministre tunisien en tant que «chargé de la gestion du ministère de l'Intérieur», promet d'engager des poursuites contre «tous ceux qui sont impliqués dans ce ''crime''». En outre, la formation de Rached Ghannouchi condamne les «campagnes de diffamation» qui cherchent, affirme-t-elle, à discréditer le pouvoir judiciaire et s'oppose aux tentatives de dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Partant de là, le mouvement islamiste appelle le peuple tunisien, dont sa base militante, à boycotter la consultation électronique «qui n'est autre qu'un moyen de démanteler les institutions de l'Etat et de porter un coup à la démocratie». Elle se dit aussi inquiète des conséquences de la loi de finances 2022 qui va affecter l'économie tunisienne et, d'une manière générale, l'ensemble de la société, tant elle ne prend pas en considération la détérioration accélérée du pouvoir d'achat, les derniers mois ayant connu une flambée des prix des produits de base. Le parti islamiste pointe, en outre, l'absence de dialogue des pouvoirs publics avec les acteurs économiques, les organisations nationales et les partis politiques. «Cette loi n'a pas été votée au Parlement et n'est donc pas légitime, ni du point de vue politique ni légal», estime le communiqué. Et d'ajouter que «le mouvement appelle ses militants et toutes les forces politiques et sociales nationales à participer aux manifestations qui seront organisées le 14 janvier 2022, afin de rejeter le coup d'état et les violations flagrantes des libertés et de la démocratie, et à raviver l'esprit de la révolution, de la liberté et honorer les martyrs». Pour conclure, Ennahdha s'élève contre «l'instrumentalisation abusive, par certains médias, du communiqué du ministère public sur les violations électorales de 2019, afin d'insulter les candidats aux élections et, en particulier, le président du Parlement, Rached Ghannouchi, dont le poste et l'immunité ont été ignorés, contrairement au président dont le nom a été rayé de la liste, en raison de son immunité qu'il a lui-même abolie, en suspendant la Constitution conformément au décret 117». De cette réaction, il apparaît que le bras de fer entre les dirigeants d'Ennahdha et le président Kaïs Saïed, soutenu par une large majorité des Tunisiens depuis les mesures du 25 juillet 2021 par lesquelles il a limogé le gouvernement Mechichi et suspendu le Parlement, est loin de s'achever, même si l'arrestation du numéro 2 du mouvement, Nourredine Bhiri, hospitalisé mais dans un état stable selon les médecins de l'hôpital Habib Bougatfa, à Bizerte, a enflammé les hostilités. L'annonce d'élections législatives à la fin de l'année en cours a sonné l'alerte pour tous les courants politiques qui ont contribué, dont ceux qui ont plongé la Tunisie dans une crise sociale et économique profonde.