Après d'intenses négociations, le Liban et l'entité sioniste semblent sur la voie d'un accord «historique» pour délimiter leur frontière maritime et lever des obstacles clés à l'exploitation de gisements gaziers en Méditerranée orientale. Les Etats-Unis mènent depuis deux ans une médiation entre les deux pays, officiellement en état de guerre, pour parvenir à cet accord. Tous deux avaient signifié début octobre leur satisfaction à un projet d'accord du médiateur américain Amos Hochstein. Mais jeudi dernier, l'entité sioniste avait affirmé son refus d'une série d'amendements libanais au projet d'accord ce qui avait douché des espoirs. Ces derniers jours, les négociations en coulisses se sont poursuivies et tôt hier matin, l'entité sioniste a indiqué avoir reçu une réponse favorable à ses préoccupations sur les demandes d'amendements libanais. Dans la foulée, un haut responsable libanais au fait des négociations a indiqué que Beyrouth avait bien reçu la proposition finale du médiateur américain qui «inclut la majeure partie des demandes ou positions du Liban, et les satisfait».Cette proposition finale du médiateur américain doit être transmise dans la journée au président libanais Michel Aoun, a précisé cette source sans épiloguer. Selon des informations de presse et des responsables, le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle sioniste et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, soient contrôlées par le Liban. Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l'Etat hébreu toucherait une part des futurs revenus de l'exploitation gazière de Cana, d'après ces sources. Dans un contexte où l'Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, l'entité sioniste mise sur le gisement de Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons de gaz vers le Vieux Continent. Or, dimanche, la société Energean, mandatée pour exploiter ce gisement, a annoncé le début de tests pour raccorder au territoire de l'entité sioniste sa plate-forme gazière offshore, étape clé pour le début de la production. Le ministère français des Affaires étrangères a affirmé de son côté ce week-end contribuer «activement à la médiation américaine», soulignant qu'un accord serait «bénéfique aux deux pays et à leurs populations». En juillet, le Premier ministre sioniste Yaïr Lapid avait évoqué ce dossier sensible avec le président Emmanuel Macron, espérant voir Paris user de son influence pour faciliter un accord avec Beyrouth, d'autant que le français Total est pressenti pour explorer le gisement de Cana. Mais contrairement à Karish, ce gisement est encore loin de pouvoir être activé et doit faire l'objet de plus de prospection pour en déterminer les ressources gazières récupérables. L'un des principaux négociateurs libanais dans ce dossier, Elias Abou Saab, a assuré hier qu'il y avait eu «un accord entre Total et les Israéliens» en vertu duquel ces derniers pourraient «recevoir des compensations» du géant énergétique et non du Liban. «Le Liban a obtenu tous ses droits» dans le projet final de l'accord sur la délimitation de sa frontière maritime avec Israël, soumise par le médiateur américain, a-t-il assuré à la presse. «Toutes nos remarques ont été prises en compte», a assuré Elias Abou Saab, vice-président du Parlement, ce qui ouvre la voie à un accord avec l'Etat hébreu, levant des obstacles à l'exploitation de gisements gaziers en Méditerranée orientale.