Des milliers de manifestants, qui sont descendus, vendredi dernier, dans les rues pour protester contre les offensives israéliennes sur le Liban et en Palestine, ont été sujets à des affrontements avec les forces de l'ordre. L'agression israélienne au Liban est un acte qui a ravivé les vieux démons dans la région du Proche-Orient et fait craindre le pire pour les pays voisins dont la Syrie. C'est-à-dire un embrasement généralisé aux conséquences incalculables. Le risque de l'extension du conflit est une éventualité à prendre au sérieux au vu des préparatifs de Tsahal aux frontières libanaises. Le rappel de milliers de réservistes et les incursions enregistrées ces derniers jours, repoussées avec force par les combattants de la résistance islamique, laissent présager une action terrestre de grande ampleur et sont les prémices d'une conflagration. Cette poussée en territoire libanais fait craindre aux Libanais une réédition des expéditions militaires israéliennes de 1978 et surtout de 1982 qui fut accompagnée de violences et de destructions et avait conduit à une douloureuse occupation de plus de 20 ans. L'entêtement d'Israël à vouloir démembrer le mouvement du Hezboallah, avec la bénédiction des USA et de quelques pays arabes, n'a d'égal que la farouche détermination des troupes de Nasrallah à résister. La complicité non déclarée de certains pays arabes s'explique par le fait qu'ils voient d'un mauvais oeil la montée en puissance d'un mouvement chiite puissamment armé dans les fiefs réputés être sous l'influence sunnite. C'est ce qui motive, d'ailleurs, la surprenante position du trio Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie qui cautionne, de façon très diplomatique, la politique d'invasion israélienne qui tente aux yeux des leaders de ces pays de bloquer l'implantation irréversible du «croissant chiite» dans la région. Allusion faite à l'axe Téhéran-Damas qui chercherait à avoir un pied-à-terre au Liban. Un alibi qui ne tient pas la route au vu des destructions massives que fait subir l'aviation sioniste au Liban. Les moyens utilisés sont disproportionnés par rapport à l'objectif visé. Ce qui conforte la thèse du complot concocté par Israël et ses parrains avec la complicité de quelques chefs d'Etat arabes très influents qui se dressent à contre-courant de la volonté de leurs peuples. Le chef du Hezbollah a tenu à dénoncer cette «trahison» en demandant à ces Etats d'observer au moins une neutralité et...le silence. A ces pays qui jouent le rôle de pivot de la politique américaine qui s'attelle depuis longtemps à instaurer le projet du Grand Moyen-Orient, qui ferait la part belle à l'Etat sioniste appelé à jouer le rôle de sous-traitant des affaires des USA dans la région, vient s'ajouter un panel de pays qui se complaisent dans un silence coupable. C'est dans cet esprit que se tiendra, mercredi prochain, à Rome une réunion du «groupe de contact» sur le Liban, qui devrait notamment regrouper les Etats-Unis, le Liban, Israël, la France, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, l'UE, la Banque mondiale et l'ONU. Soit les pays qui cadrent bien avec la politique américaine dans la région. Réprimant la volonté de leurs citoyens à manifester leur indignation et leur rage d'être humiliés par l'axe Washington-Tel Aviv, certains Etats arabes ont carrément tourné le dos aux principes fondateurs de la Ligue arabe. D'autres pays, tentent tant bien que mal d'afficher une position honorable en dénonçant l'agression et en appelant l'ONU à assumer ses responsabilités. Le Qatar, soutenu par le Yémen, a exercé sans succès une pression pour tenir un sommet urgent des chefs d'Etats arabes pour prendre des décisions fermes à la mesure des défis générés par la nouvelle agression israélienne. Les leaders arabes ont préféré laisser les membres du Parlement arabe transitoire réunis en session extraordinaire, en vue d'examiner les développements dangereux de la situation au Proche-Orient et, parvenir à une position arabe soutenant le Liban et la Palestine. Les parlementaires arabes ont appelé dans leurs interventions à l'arrêt immédiat de l'agressions israélienne, soulignant «l'importance du rôle populaire arabe dans le soutien aux peuples palestinien et libanais». Une observation, en net décalage avec les réalités du terrain et qui ne cadre pas avec la décision des autorités nationales de réprimer les marques de soutien populaire affichées dans les rues des capitales arabes. Des milliers de manifestants qui sont descendus, vendredi dernier, dans les rues de plusieurs capitales arabes, en Egypte, en Jordanie et en Irak pour protester contre les offensives israéliennes sur le Liban et en Palestine ont été sujets à des affrontements avec les forces de l'ordre. La veille, le même scénario s'était produit à Alger malgré le fait que la manifestation a été initiée par un parti de l'Alliance présidentielle.