La réforme de son système de vote est plus que jamais d'actualité. Troisième flop pour le Conseil de sécurité de l'ONU, qui n'arrive toujours pas à condamner le génocide perpétré contre les civils libanais par l'armée israélienne. Depuis l'éclatement du conflit, le 12 juillet dernier, pas moins de 800 morts, près d'un million de déplacés et des dizaines de milliers de blessés ont été enregistrés, sans que le conseil n'arrive à se libérer du sempiternel veto américain. La tragédie est immense, et le silence du Conseil de sécurité est somme toute normal, au vu du soutien total des Etats-Unis à la machine de guerre israélienne. Le massacre de Cana était pourtant l'occasion idéale pour ordonner un cessez-le-feu. Cependant, se contentant à chaque fois de «déplorer» les pertes en vies humaines, tout en se disant «choqués» et «bouleversés» par le bombardement du bâtiment résidentiel de Cana, les membres du Conseil de sécurité se sont séparés pour la troisième fois, sans aboutir à un document condamnant le massacre. Le Conseil de sécurité qui «demeure saisi de la question» stipule le point 8 de la déclaration finale, rendue publique dimanche dernier, à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité, dénote l'incapacité de cette structure de s'extirper de l'emprise américaine. En effet, dans son histoire, le Conseil de sécurité a enregistré 86 veto américains, contre un seul pour la France en 1956 et un autre pour la Russie, lors du printemps de Prague en ex-Tchécoslovaquie. Quant à la Grande-Bretagne et la Chine elles n'ont jamais usé de leur droit de veto. Il est donc clair, à la lumière des derniers développements au Proche-Orient, que la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, notamment dans le volet ayant trait au mode de vote est plus que jamais d'actualité. Car, laisser les Etats-Unis jouer sur du velours, en bloquant toutes les résolutions décidées à l'encontre de ses intérêts et/ou de ses alliés, serait compromettre toute chance de paix dans le monde. Car, à quoi sert un conseil de sécurité réglé à l'heure américaine, qui déplore les massacres, mais qui s'abstient de les condamner. C'est, une fois de plus, les Etats-Unis qui ont fait capoter cette énième réunion du Conseil de sécurité, affirment des diplomates. N'est-il donc pas aberrant que soient déplorées les pertes en vies humaines, sans que ne soit condamné l'auteur de ces massacres, en l'occurrence l'Etat israélien? Il convient de rappeler que l'échec de la conférence de Rome, interprété par le gouvernement israélien comme une chance inouïe pour achever son «boulot» au Sud Liban, vient de confirmer l'objectif que s'est fixé Washington à travers sa guerre par procuration contre le Hezbollah et par ricochet contre la Syrie et l'Iran. Par ailleurs, au moment où les aides humanitaires sont sciemment bloquées aux portes du Liban, otage d'un blocus aérien, maritime et terrestre, le conseil «exprime son inquiétude devant la menace d'escalade de la violence qui aurait de nouvelles conséquences graves pour la situation humanitaire, appelle à la fin des violences et souligne la nécessité urgente d'assurer un cessez-le-feu permanent, durable et qui résiste». Comme il a chargé le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan de lui présenter un rapport d'ici une semaine sur les circonstances de cet événement tragique. Un autre «bonus» accordé avec la bénédiction des Etats-Unis à l'armée israélienne pour faire encore des dizaines de victimes au sein des populations civiles. Le Conseil de sécurité qui laisse sa session ouverte, affirme sa détermination à travailler sans plus de retard pour adopter une résolution pour un règlement durable de la crise, s'inspirant des efforts diplomatiques en cours. D'ici là, beaucoup de sang aura coulé dans le Sud-Liban.