A quoi sert finalement le Conseil de sécurité de l'ONU, si ce n'est pour tenir des réunions, sans résultats en faveur de l'arrêt des hostilités au Liban? Depuis le début du conflit, le 12 juillet dernier, le veto américain aura pesé de tout son poids. Un forcing qui permet à l'armée israélienne d'achever sa sale besogne et de commettre les pires massacres au vu et au su de la communauté internationale. C'est à la demande du secrétaire général de l'ONU et du Premier ministre libanais, Fouad Siniora, que le Conseil de sécurité a convoqué, hier, une réunion d'urgence. A l'ouverture de la réunion, Kofi Annan a condamné le bombardement israélien de Cana (Liban-Sud) et appelé le Conseil de sécurité à demander une cessation immédiate des hostilités au Proche-Orient. «Nous devons condamner cet acte dans les termes les plus fermes et je vous demande de le faire», a déclaré M.Annan aux représentants des 15 Etats membres du Conseil. «Je suis profondément consterné de constater que mes précédents appels à une cessation des hostilités n'ont pas été entendus, avec pour résultat que des vies innocentes continuent d'être perdues et que des civils innocents continuent de souffrir», a-t-il indiqué. A noter qu'un projet de résolution français détaillant les mesures à prendre pour un cessez-le-feu durable, y compris le déploiement d'une force internationale, sous réserve de l'approbation des gouvernements libanais et israéliens et d'un accord de principe entre eux sur les principaux éléments d'un plan de règlement global de leur conflit a été soumis aux membres du Conseil. Le projet «reprend les idées figurant dans le mémorandum diffusé par le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, lors de la réunion ministérielle de Rome, mercredi», a déclaré à la presse l'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Marc de La Sablière. Le texte «appelle à la cessation immédiate des hostilités» et «souligne la nécessité de créer les conditions d'un cessez-le-feu permanent et d'une solution durable au conflit actuel entre Israël et le Liban». Ces conditions, affirme-t-il, doivent inclure «la libération des soldats israéliens enlevés et le règlement de la question des prisonniers libanais détenus en Israël, ainsi que «la pleine application des accords de Taïf et des résolutions 1559 et 1680 de l'ONU prévoyant le désarmement de toutes les milices au Liban et l'exercice de l'autorité du gouvernement du Liban sur la totalité du territoire libanais». Elles doivent également comprendre «la délimitation des frontières du Liban, particulièrement dans les secteurs où elle est disputée ou incertaine, y compris celui des fermes de Chebaâ». Le texte appelle aussi à l'adoption d'«arrangements de sécurité pour éviter une reprise des hostilités, incluant l'établissement entre la Ligne bleue et le fleuve Litani d'une zone libre de tous personnels et équipements militaires autres que ceux de l'armée libanaise et des forces des Nations unies». Il exige «le strict respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Liban». Le texte requiert de M.Annan «des recommandations en vue de l'établissement d'un mécanisme de surveillance international pour aider à diminuer les tensions potentielles à l'avenir entre les deux pays». Il demande à la communauté internationale «d'apporter d'urgence une aide financière et humanitaire au peuple libanais» et l'appelle aussi à «envisager une aide à plus long terme en vue de la reconstruction et du développement du Liban». Il charge enfin M.Annan de faire rapport au Conseil sur la mise en oeuvre de la résolution une semaine après son éventuelle adoption. Le projet risque de connaître le sort des précédents en raison du spectre du veto américain.